Emmanuel Macron vs. Marine Le Pen : le match des programmes sur l'énergie et le climat

La France doit choisir entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen, une alternative inédite et vertigineuse. Dans leurs valeurs comme dans leurs parcours, ces deux candidats sont presque l'exact opposé l'un de l'autre et il est probable que la plupart des électeurs se décideront sur cette opposition plutôt que sur le fond des programmes.
Cette réalité ne devrait pas empêcher les candidats de continuer à expliquer et approfondir leurs projets. C'est particulièrement nécessaire pour l'énergie et le climat : dans ces domaines, le vainqueurs aura à prendre des décisions difficiles, il lui faudra donc une vision et un mandat clairs.
Les programmes d'Emmanuel Macron et de Marine Le Pen présentent de nettes divergences sur le nucléaire, le climat, la fiscalité... mais, à deux semaines du second tour, aucun des deux n'est suffisamment précis pour être vraiment crédible. Espérons donc que ces projets seront discutés et affinés dans les 15 prochains jours.

En attendant voici un état des lieux :
Comparaison des programmes énergie et climat de Macron et Le Pen


Nucléaire

Avenir du parc nucléaire

  • Emmanuel Macron se prononce en faveur d'un rééquilibrage du mix électrique français. Il veut réduire la part du nucléaire dans la production à 50% d'ici à 2025 mais, à l'heure actuelle, il ne propose pas de solution crédible pour y parvenir
  • Marine Le Pen veut prolonger de "20 ans, peut-être 30" les centrales nucléaires françaises même si en 2012 elle jugeait le nucléaire dangereux. Cette orientation nécessite de lourds investissement dans le "grand carénage" destiné à rénover les vieux réacteurs français et permettrait à Marine Le Pen de laisser à ses successeurs la question de la fin de vie du parc nucléaire français.

 Fessenheim et la fermeture des centrales nucléaires

  • Emmanuel Macron s'est engagé à arrêter la centrale de Fessenheim mais il ne se prononce pas sur la fermeture des autres centrales nucléaires. Il veut attendre l'avis de l'Agence de Sureté Nucléaire pour décider de la prolongation ou non des réacteurs au-delà de leur quarantième anniversaire.
  • Marine Le Pen est contre la fermeture de la centrale de Fessenheim.

Déchets nucléaires

  • Emmanuel Macron ne s'est pas prononcé sur la gestion des déchets radioactifs mais a soutenu le projet de Bure lorsqu'il était ministre de l'économie.
  • Marine Le Pen veut mettre fin au projet de stockage géologique des déchets radioactifs à Bure et affirme que "chaque région doit prendre sa part" des déchets nucléaires.

Énergie renouvelables  

Objectif

  • Emmanuel Macron veut doubler la capacité des parcs solaires et éoliens français en 5 ans. Cet objectif correspond à une augmentation de la production renouvelable de 32TWh, inférieure à ce qui est prévu par la programmation pluriannuelle de l'énergie (au moins 70TWh en 2023). Il a confirmé un autre objectif de la loi sur la transition énergétique : produire 32% de l'énergie française grâce aux renouvelables en 2030.
  • Marine Le Pen veut "développer massivement les filières françaises des énergies renouvelables". Mais elle ne donne pas d'objectif chiffré et dans le même temps elle veut l’arrêt immédiat de la construction d'éoliennes terrestres ou maritimes, alors qu'il s'agit d'une des filières renouvelable les moins chères et les plus matures.

Recherche

  • Emmanuel Macron veut "focaliser les efforts de recherche, de développement et d’investissement des opérateurs sur le stockage de l’énergie et les réseaux électriques intelligents"
  • Marine Le Pen veut développer la filière hydrogène. La production d'hydrogène à partir d'électricité est une des solutions envisagées pour stocker l'énergie.

Fossiles

Centrales à charbon

  • Emmanuel Macron veut fermer les dernières centrales à charbon françaises avant 2022.
  • Contrairement Emmanuel Macron mais aussi à François Fillon, Benoit Hamon et Jean-Luc Mélenchon, Marine Le Pen ne s'est pas prononcé pas pour la fermeture des dernières centrales à charbon françaises

 Hydrocarbures

  • Emmanuel Macron est opposé à l'exploitation du gaz de schiste mais souhaite que des forages de recherche restent possibles. Il s'oppose à la délivrance de nouveaux permis d'exploitation pour les hydrocarbures.
  • Marine Le Pen veut maintenir l'interdiction d'exploiter les hydrocarbures non-conventionnels "tant que des conditions satisfaisantes en matière d’environnement, de sécurité et de santé ne seront pas réunies".

Sobriété et efficacité

Bâtiment

  • Emmanuel Macron veut investir 4 milliards d'euros dans la rénovation des bâtiments publics. Il veut rénover 1 million de logements, notamment en proposant des audits énergétiques gratuits pour les foyers en situation de précarité énergétique et en réformant le système de crédit d'impôt pour le rendre plus incitatif. 
  • Marine Le Pen veut "faire de l’isolation de l’habitat une priorité budgétaire du quinquennat" sans préciser d'objectif ou de montant. 

Transports

  • En complément du bonus-malus existant, Emmanuel Macron veut créer une aide pour le remplacement des voitures construites avant 2001. Il veut aussi accélérer le déploiement des bornes de recharge pour les véhicules électriques. Une version précédente de son programme se donnait pour objectif de ne plus commercialiser de véhicule thermique à partir de 2040.
  • Marine Le Pen ne se donne aucun objectif concernant les transports et la mobilité. Elle veut réduire la dépendance au pétrole par le développement de la filière hydrogène.

Changement climatique

Importance du climat

  • Le programme d'Emmanuel Macron indique que 2016 a été l'année la plus chaude jamais enregistrée et qu'il y aura 250 millions de réfugiés climatiques en 2050.
  • Le climat ne figure nulle part dans le programme de Marine Le Pen

Accord de Paris

  • Pour Emmanuel Macron, la mise en œuvre de l'Accord de Paris doit être une des priorités de l'action internationale française. Une version antérieure de son programme appelait à des sanctions commerciales au niveau européen contre les pays qui ne respecteraient pas l'Accord de Paris, cette proposition a été remplacée par une formulation plus vague.
  • Marine Le Pen s'est abstenu lors du vote du Parlement Européen sur la ratification de l'Accord de Paris et le groupe parlementaire dont elle est co-présidente a voté contre. 

Fiscalité et prix de l'énergie

Taxation du diesel

  • Emmanuel Macron veut aussi aligner la fiscalité du diesel sur celle de l'essence.
  • Marine Le Pen s'est prononcée contre cette mesure.

Taxe carbone

  • Emmanuel Macron a confirmé l'objectif prévu par la loi sur la transition énergétique d'une taxe carbone de 100€ par tonne en 2030 mais n'envisage pas de prix plancher pour les entreprises assujetties au marché européen du carbone.
  • En 2013, le Front National se prononçait contre la taxe carbone ("une inacceptable mesure fiscale déguisée en vert"), depuis plus de son ni d'image.

Prix de l'énergie

  • Emmanuel Macron ne se prononce pas sur le prix de l'énergie mais ses propositions, notamment sur le diesel et la taxe carbone, feront probablement augmenter les factures. En contrepartie, il propose un accompagnement des foyers en situation de précarité énergétique, par exemple avec des audits gratuits.
  • Marine Le Pen promet une baisse de 5% des tarifs réglementés de l'électricité et du gaz mais cette promesse est probablement incompatible avec les investissement qu'elle prévoit dans la rénovation des centrales nucléaires. Elle s'est d'ailleurs prononcée pour une augmentation de l'ARENH, c'est-à-dire le prix auquel EDF vend l'électricité nucléaire à ses concurrents, ce qui est évidemment en contradiction avec une baisse du prix au consommateur.


Mon avis ? 


Dans les domaines de l'énergie et du climat, les programmes d'Emmanuel Macron et de Marine Le Pen proposent des orientations divergentes et donc un réel choix pour les électeurs.
Je crois que c'est une bonne chose : la politique énergétique française est depuis longtemps paralysée par l'incapacité des responsables à définir et faire respecter une orientation claire. De ce point de vue, j'aurais préféré que cette alternative soit portée par deux candidats "ordinaires" ce qui aurait donné plus de force au résultat des urnes.

Sur le fond, si je devais donc me prononcer en laissant de coté mes propres préférences et en ne m'intéressant qu'au sérieux des deux propositions, voici ce que je dirais :
  • Comme je l'ai déjà relevé en introduction, il reste trop d'imprécision voire de contradiction. Cette situation rend difficile une évaluation sérieuse des projets, par exemple en termes de faisabilité technique ou de budget. A l'heure actuelle aucun des deux programmes ne peut être considéré comme satisfaisant. Même si celui d'Emmanuel Macron est légèrement plus complet il me semble indispensable que les équipes des deux candidats s'attellent à ces sujets avec plus de sérieux.
  • Cependant, il n'est pas possible de mettre les deux programmes sur le même plan. On voit chez Marine Le Pen une nette tendance au négationnisme climatique alors que ses déclaration - et ses revirements - sur le prix de l'énergie, les éoliennes ou le stockage des déchets radioactifs révèlent une dérive clientéliste. En matière d'énergie, le Front National ne semble pas avoir de vision mais essayer de satisfaire ses interlocuteurs quitte à se contredire régulièrement. Dans la situation où nous nous trouvons actuellement, c'est la recette du désastre.



Publié le 24 avril 2017 par Thibault Laconde



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25 commentaires :

  1. Plus ça va, moins je crois aux politiques pour changer la trajectoire énergétique de la France.

    La différence, c'est qu'avant sauf à être en site isolé ou avoir une chute d'eau on ne pouvait pas produire d'électricité. Aujourd'hui c'est possible dès quelques centaines d'euro mais non rentable, mais c'est surtout économiquement viable pour des puissances de quelques centaines de kW.

    Ce qui se passe au USA est probablement précurseur: avec un président climatosceptique qui libère le secteur du charbon et du gaz, qui relance sans ménage les oléoducs, le contraire est en train de se produire.
    On parle même de 10 TW de solaire installé en 2030! (https://cleantechnica.com/2017/04/19/trump-admin-outlines-global-solar-plan-10-terawatts-2030/).
    Et quand on compare les modèles de prévision de croissance avec le réalisé sur ces dernières années, on se dit que c'est possible (https://cleantechnica.com/2017/04/14/simple-model-predict-future-solar-pv-adoption/).
    Le marché de l'énergie n'est plus piloté par les politiques, mais par le coût. Et comme dans beaucoup d'endroits le solaire est l'énergie la moins chère, elle se développe sans subventions.
    Même les batteries deviennent moins chères que les centrales à gaz de pointe. Ceci pousse les "utilities" à investir dans ces technologies et à délaisser le gaz.
    Les installateurs ne trouvent plus de personnel qualifié: ils embauchent et forment.

    En France, cela va prendre plus de temps déjà parce qu'on est bien plus au Nord, que l'électricité du réseau est moins chère et que l'opérateur historique multiplie les tentatives de
    blocage de cette transition par des normes techniques contraignantes. Mais cela ne fera que décaler de quelques années le processus. Quand on sera rentré dans la partie exponentielle de la courbe d'installation, rien ne pourra la stopper.
    Pour se consoler, c'est moins prioritaire que dans les pays utilisant majoritairement du charbon et du gaz car la réduction en gaz à effet de serre sera moins forte ici.

    Ce qui va se passer si les gouvernements ne font pas sauter ces verrous: on va encore attendre quelques années avec 1 à 2 GW installé par an, puis on aura une transition brutale poussée par des prix très bas.
    Et on pourrait alors voir quelques centaines de GW installées en seulement quelques années.

    Pour éviter d'avoir en 2030 des réacteurs nucléaires à l'arrêt faute de consommation et l'opérateur historique en cessation de paiement, les politiques devraient mettre le paquet sur la simplification des procédures de raccordement des installations solaires.

    En somme gérer la transition inévitable.

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    1. C'est un monde curieux où on nous dit que le solaire est plus rentable que l'électricité tirée des fossiles ... alors que si c'est vrai (pas toujours) pour le producteur qui bénéficie de fortes subventions, ça ne l'est absolument pas pour le consommateur contraint à payer ces subventions ! Un monde où on compare le prix d'une électricité produite quand Dieu le veut (et qui aboutit en Allemagne à des prix spot négatifs sur le marché de gros ...) et une électricité produite quand le consommateur en a besoin !

      Que des représentants des lobbies éolien et photovoltaïque tiennent ces propos, ... c'est normal, ils font leur "réclame", mais que des ingénieurs et techniciens indépendants, spécialistes des problèmes d'énergie laissent entendre que nous pourrons vivre dans quelques années (presque) uniquement avec des énergies intermittentes, pour moi, c'est carrément de la tromperie !
      Signé: papijo

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    2. Presque tous les pays développés ont des scénarios pour faire fonctionner leurs réseaux électriques avec 80% ou plus d'EnR, testés par des simulations sur plusieurs années avec un pas horaire ou inférieur.
      Sans aller jusqu'à là, l'Allemagne ou l'Espagne montrent qu'on peut tourner à 30% d'énergies renouvelables intermittentes sans difficultés majeures.

      Avec ses petits 6% d'éolien et de solaire, la France peut encore aller de l'avant quelques années avant d'avoir la moindre question à se poser.

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    3. Non, il faut dire la vérité. L'Allemagne ne tourne pas avec 30% d'énergies renouvelables intermittentes (chiffres 2016: https://1-stromvergleich.com/strom-report/strommix/#strommix-2016-deutschland ), l'Allemagne tourne avec 18,2% d'énergies renouvelables intermittentes, 11,2% d'énergies renouvelables biomasse et hydraulique non intermittentes ET UNE ENORME CAPACITE EN ENERGIE FOSSILE (je n'ai pas retrouvé les chiffres, mais il y avaient 106 GW non renouvelables au 31/12/2014: https://www.bundesnetzagentur.de/SharedDocs/Downloads/DE/Allgemeines/Bundesnetzagentur/Publikationen/Berichte/2015/Monitoringbericht_2015_BA.pdf?__blob=publicationFile&v=4).

      Avec de telles capacités, on peut se permettre de passer sans encombre les périodes de grand vent et les périodes de grand calme comme par exemple ici (semaines 2 et 3 de janvier 2017): https://www.eike-klima-energie.eu/wp-content/uploads/2017/01/Bild-1-678x381.png.

      Malheureusement, à l'inverse de l'Allemagne, la France ferme toutes ses centrales fioul et charbon et certains voudraient en plus fermer une bonne partie du nucléaire ! Ma question: Avec quoi je me chaufferai l'hiver 2049 - 2050 ?
      NB1: Il est possible que mes chiffres sur la production ne correspondent pas aux plus de 30% renouvelables vus ailleurs. Je pense que les miens sont électricité renouvelable vs production totale, alors que les "pro-ENRs" affichent les chiffres plus favorables ENR / total consommation
      NB2: Il est possible que mon commentaire soit refoulé en raison du nombre de liens. Dans ce cas, j'essaierai de les mettre à la suite !
      Signé: papijo

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    4. Je citais les 30% de mémoire, 20 si vous voulez... Peu importe : la France, qui a elle aussi un parc électrique surdimensionné, a encore de largement de l'espace pour progresser avant que des problèmes se posent, s'ils se posent un jour.

      Quand à savoir comment vous vous chaufferez en 2050. Je ne sais pas mais je suis à peu près sur que ce ne sera pas avec des centrales nucléaires construites dans les années 1980...

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    5. Je suis d'accord avec votre réponse et j'ajouterais que au delà du mode production de l'électricité je suis aussi à peu près sur qu'en 2050 la quantité d'énergie nécessaire pour chauffer un m2 de logement moyen aura baissé.

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    6. C'est complètement mensonger, Thibault !
      Nous étions proche de la limite cet hiver même sans vague de froid vraiment rigoureuse, ce n'était pourtant qu'un nombre pas si élevé de centrale nucléaire qui étaient arrêtées. Il suffit de diminuer légèrement le parc, et les problèmes se poseront immédiatement.
      En 2012, même l'Allemagne n'était pas non plus dans une situation si facile, ils ont dû relancer depuis leur "réserve froide" de très anciennes centrales charbon. Évidemment avec encore une nouvelle centrale charbon qui s’apprête à démarrer en 2018, ils gardent de la marge.

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    7. Si vous arrêtez à l'improviste un tiers du parc nucléaire, ce n'est pas surprenant que vous ayez des problèmes... Ce qui est vraiment étonnant, par contre,c'est que vous parveniez à voir dans cet épisode une raison de persister dans notre dépendance à l'atome.

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    8. L'épisode illustre la dépendance à un parc *pilotable*. Si vous décidez que ce parc ne sera pas du nucléaire, alors ça va être des centrales fossiles. Et économiquement, ces centrales fossiles seront utilisées régulièrement en export au delà du besoin minimum strict dès qu'une opportunité intéressante sera présente, c'est ce qu'il se passe en Allemagne.

      De plus si le répartiteur dit, à 19h il y a une pointe de demande, après la disparition du solaire, et le vent est faible aujourd'hui, j'ai besoin de 20GW fossile, il sera plus facile au producteur de déjà produire près de 20GW à 16h que de devoir augmenter brutalement la production, il sera donc près à vendre cette production à l'export presque à zéro, dans certains cas même à prix négatif, car il n'est tout simplement pas capable de faire un suivi de charge aussi rapide pour aller produire à 19h.
      C'est ce qu'on voit en ce moment en Californie avec des prix négatif en mi-journée, puis qui monte jusqu'à presque 60€, ce qui est très élevé pour les US étant donnée l'abondance de gaz pas cher : https://energyathaas.wordpress.com/2017/04/24/is-the-duck-sinking/

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  2. Entre 18% et 30%, il y a tout de même une certaine différence, mais l'objet principal de mon propos n'était pas là.

    Si le réseau allemand supporte sans gros problème ces 18% d'ENRs intermittentes, c'est grâce à un parc thermique très développé qui lui permet de faire face à tous les creux de production. La France ne dispose pas de cet énorme parc thermique et s'apprête même à fermer les dernières centrales charbon et fuel qui lui restent. La France se retrouvera dans quelques années, d'après les projets actuels, totalement dépourvue de moyens de faire face à l'intermittence de sa production d'électricité.

    Investir dans les ENRs, ce n'est pas seulement construire des éoliennes ou des panneaux photovoltaïques pour faire plaisir à quelques lobbies toujours avides, c'est aussi installer des turbines à gaz, prévoir des sources fiables d'approvisionnement en gaz ou fuel pour les alimenter, des réseaux ... (nos centrales nucléaires, même si elles ont la possibilité de moduler un peu leur production ne sont absolument pas conçues comme des centrales de back-up).

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    1. Traiter le problème de la production intermittente est ce exclusivement une problématique "production" (le parc thermique que vous évoquez) ou bien est il possible d'envisager d'agir aussi sur la consommation (par exemple moduler les usages de l'électricité comme cela avait été initié par EDF avec le principe des heures pleines / heures creuses) ?
      Il me semble qu'investir dans les ENRs n'a pas comme seule et unique corolaire l'installation de TAG.
      Poser la question de l'ajustement production / consommation en agissant aussi sur la conso permettrait d'apporter des réponses moins binaires.

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    2. Réponse à Pila
      Agir sur la consommation n'est qu'une petite partie du problème. Par exemple, le solaire délivre sa puissance maximale en été en milieu de journée, quand les français bronzent sur la plage. En hiver, quand la consommation est maximale, la production n'atteint que 20 à 25% de la production d'été en moyenne (voir par exemple le graphique présenté sur le site "jeveuxsauverlaplanete", et presque rien si le temps est couvert ... Dans ces conditions, si l'on veut valoriser l'électricité photovoltaïque, il faut disposer d'un stockage saisonnier de l'électricité (non encore inventé ! et bien sûr le stockage journalier qui ne l'est pas encore vraiment), ou n'alimenter que des systèmes adaptés à cette production: climatisation, irrigation, etc.

      Le cas de l'éolien est similaire, bien que moins caricatural. La solution n'est pas de repousser de 15 minutes la mise en route du lave-vaisselle, elle est d'alimenter en permanence le réseau. Que diriez vous si votre patron vous disait le matin: "Ah non, aujourd'hui je ne pourrai pas vous payer, vous pouvez repartir, il n'y a pas de vent ... mais soyez là sans faute dimanche matin, à partir de 7 heures ça devrait revenir" !
      papijo

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    3. Le Mythe du solaire qui ne produit pas l'hiver...
      Vous pouvez récupérer le simulateur pour excel ici: https://drive.google.com/file/d/0B65PJE8e4t_qdlhBTDBMNmlrYjg/view

      Il contient les données RTE 2012, 2013 et 2014. On peut ajuster la part d'éolien, de solaire, d'hydraulique, de biomasse, la capacité des batteries de stockage intra journalier, la puissance de cogénération ou de backup à gaz. On peut également fixer la valeur maximale des échanges avec nos voisins.
      Par exemple si on met 24 dans la case solaire, cela signifie que la puissance solaire installée est de 24 fois la puissance de l'année prise en compte.

      Je vous laisse vous faire une opinion en jouant sur les différents paramètres.
      On voit assez rapidement qu'une bonne partie du temps, un stockage journalier suffit à la stabilisation du réseau, mais aussi que quand on a ni vent ni soleil, cela ne sert absolument à rien d'augmenter la capacité de stockage.

      En fait, le problème n'est pas hiver/été, mais certains jours critiques dans l'année.

      Et avec les paramètres par défaut sur 2014, on voit que pour 479 TWh produits, on en a consommé 462, importé seulement 32 TWh, qu'on a perdu 34 TWh de production, mais qu'on a seulement produit 30 TWh avec le backup.

      Si vous portez le backup à 50 GW, la colonne import passe tout le temps à 0. Donc avec 50 GW de backup (en gros le prix de 5 EPR) on assure la stabilité du réseau sur toute l'année sans aide de nos voisins. Et avec des émissions de CO2 sur 30 TWh seulement.

      Je vous invite à jouer avec les paramètres de cette feuille excel. Ma perception des choses a beaucoup changée au vue des résultats.

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    4. Je vais étudier votre excel de près.

      Mais quelques remarques rapide déjà, il utilise 20GW de batteries, ajoutées à l'hydraulique actuel, plus 20 GW de gaz (ce que vous référencez comme backup).

      Ce gaz est baptisé "cogénération", mais si on l'utilise vraiment en cogénération, alors il sera impossible de couper sa génération quand on a suffisamment d'électricité, car on aura toujours besoin de la chaleur. C'est le problème auquel est confronté la Finlande aujourd'hui et un des facteurs principaux qui explique qu'alors qu'on voit certaines journées où l'éolien a un production journalière égale à 100% de la demande, on voit en même temps le fossile continuer à fournir 50% en plus !

      Le volume que vous faite produire à ce backup, c'est 30TWh, et en plus 32 TWh d'importation par an. 30 TWh, c'est l'ordre de grandeur que le fossile a produit en 2015 (34TWh), avec un volume d'importation net proche de zéro (seulement une dizaine d'heure dans l'année importatrice nette, pour un volume de 16GWh).

      Bref, mis à part qu'il supprime le nucléaire, ce scénario génère autant de CO2 qu'aujourd'hui, et même augmente les émissions si on considère que ce qui est importé est certainement de l'électricité fossile.

      Il a l'avantage sensible par rapport à d'autres scénario de ne pas demander de stockage saisonnier dont la réalité est douteuse.

      Mais il suppose qu'on sache mettre en place 20 GW / 200 GWh de stockage à coût raisonnable, et aux échelles de coût aujourd'hui cela représente une dépense considérable.

      Il faut considérer à la fois le coût d'investissement et le coût d'usage et l'usure des batterie. Une somme rapide me montre que l'usage fait des batteries sur l'année est à nouveau autour de 30TWh, 32 TWh y sont injectés et retirés. Si je regarde rapidement l'article ici https://www.powertechsystems.eu/fr/home/technique/etude-de-cout-du-lithium-ion-vs-batteries-au-plomb/ il estime le coût de stockage à 0.39€/kWh/cycle, mais sur la base d'un coût du kWh daté, donc on va retenir plutôt 0,16 pour des batteries vers 300€/KWh. Donc les 200GWh/32 TWh en cycle sur la base de cet exemple reviennent quand même à 60 milliards d'euro d'investissement initial, puis 5,1 Milliards d'euro de renouvellement annuel.

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    5. Je partage tout à fait ces chiffres. Une autre façon de les vérifier est de dire les 60 milliards d'euro d'investissement initial vont produire 32 TWh par an pendant 12 ans. Environ 0,16 € du kWh.
      Mais il faut la ramener à la consommation totale annuelle pour voir l'impact sur la facture. Soit 0,16*32 TWh divisé par la consommation de 462 TWh, ce qui donne 0,011 € de surcoût du kWh pour le stockage intra day. Un centime c'est beaucoup pour un industriel (12%) mais peu pour le particulier (6%).

      Pour la "cogénération", mon idée de départ était que la sensibilité au froid de notre système électrique la rendait pertinente. Mais pour 30 TWh par an, on pourrait juste accepter de perdre la chaleur.

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  3. Réponse à Christophe Choquet
    Non, le fait que le solaire produit très peu l'hiver n'est pas un mythe. Je remets en (j'espère) version plus pratique le lien ci-dessus, et comme je l'ai écrit, il s'agit là de valeurs moyennes. Les jours avec beaucoup de nuages, la production sera encore moindre.

    Enfin, pour ce qui concerne le back-up nécessaire, pas besoin de gros moyens de calcul ... considérez que, à un moment ou un autre les intermittentes vous donneront zéro MW (ce qui est exact pour le solaire la nuit, et proche de la réalité pour l'éolien souvent à moins de 1% de sa capacité - pour s'en convaincre, chercher sur internet "RTE aperçu énergie électrique 2017" par exemple)
    Signé: papijo

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    1. Une réponse sur la production solaire en hiver : en fait il s'agit avant tout d'un arbitrage à l'installation des panneaux.

      Si on souhaite optimiser la production annuelle, les panneaux seront orientés en fonction de l'inclinaison du soleil pendant les mois les plus ensoleillés ce qui aura pour effet de dégrader la production pendant les mois les moins ensoleillés (en France on aura à peu près un facteur 2 entre l'été et l'hiver).

      Si on souhaite avoir une production stable pendant l'année, il faut au contraire orienter les panneaux en fonction de l'inclinaison des rayons du soleil pendant les mois les moins favorables. On peut obtenir ainsi une production quasi-constante sur tous l'année au prix d'une petite dégradation de la production annuelle (de l'ordre de 10%).

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    2. Et pour compléter la réponse de Thibault, il faut prendre en compte l'effet de la température. Un panneau perd 1% de puissance tout les 2°C, mais gagne 1% tout les 2 degrés en moins.
      Le refroidissement par le vent a un effet très sensible.
      Valeurs relevées sur ma toiture en IDF mal inclinée (20° de pente seulement):
      - 100 kWh/jour en Mai par temps frais venteux
      - 65 kWh/jour en Juillet/Août par temps chaud
      - 40 kWh/jour beau temps printemps /automne
      - 10 kWh/jour en minimale Décembre (mais déjà vu en Mai!)
      Moyenne annuelle: 40 kWh/jour.
      La grande majorité des jours est entre 30 et 70 kWh.

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    3. D'accord, la politique actuelle qui consiste à offrir un maximum d'avantages aux producteurs photovoltaïques quelle que soit la valeur de leur production a conduit à des solutions aberrantes du point de vue économique. Néanmoins, le solaire même avec une orientation optimale des panneaux donnera toujours beaucoup moins d'électricité en hiver qu'en été. Par exemple, sur le diagramme de ce site, on voit qu'avec un suiveur, la production d'hiver n'est que de 20% de celle d'été (valable en Belgique, mais je n'ai pas trouvé de diagramme plus au sud qui devrait avoir un écart plus faible).
      Papijo

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    4. Il ne s'agit pas d'une augmentation du rendement quand la température baisse, mais une diminution quand elle dépasse les 25°c de référence !
      C'est ça qui fait produire moins en Juillet/Août malgré une insolation supérieure, mais ça ne transforme pas le panneau en surproducteur en hiver quand il reste facilement sous les 25°.

      Enfin aujourd'hui il n'y a **personne** qui fait pression pour installer les panneaux de façon à ce que la production soit optimisée en hiver, aucun appel d'offre qui inclut cela en paramètre, aucune organisation qui ait interpellé le gouvernement à ce sujet, donc c'est un peu hors sujet non ??

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    5. Non. Christophe Choquet à raison : la puissance nominale est calculée pour 25°C mais il y a bien un gain lorsque la température baisse (de l'ordre de 0.4%/°C). Je précise aussi qu'il s'agit de la température du panneau qui est en général nettement plus élevée que la température ambiante et, effectivement, sensible au vent.

      Concernant l'optimisation de l'orientation des panneaux, je suis entièrement d'accord qu'il faudrait être plus exigeant.
      Notez qu'il existe quand même une incitation à lisser la production sur l'année si vous êtes en autoconsommation.

      Si il y a un système de tracking évidemment la situation est complètement différente et les écarts entre l'hiver et l'été deviennent beaucoup plus importants. Il est possible d'arriver à un facteur 3 ou 4.

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  4. Je suis d'accord, pour le backup c'est simple: on prend la puissance consommée et on enlève l'hydraulique.
    Pour le solaire on a un facteur 3 à 4 entre l'hiver et l'été, mais il y a beaucoup plus de vent l'hiver.
    Ce qu'on voit avec les chiffres de RTE et qu'on peut corréler avec les relevés météo, c'est qu'on a 3 types de temps:
    - soit il fait beau et on a assez de solaire pour recharger les batteries jusqu'au lendemain,
    - soit il pleut et on a alors du vent
    - soit le temps est couvert et sans vent, et c'est la qu'il faut du backup
    Sur un grand pays comme la France, le couple solaire/éolien s'équilibre plutôt bien.

    Mais si il fait beau dans le sud et couvert sur le nord (souvent!), ou qu'inversement il y a beaucoup de vent au nord, il faut transporter le courant sur 1000 km.

    Et c'est la qu'on revient aux programmes des politiques: anticiper ces changements à venir.

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    1. Et donc gérer la dissonance cognitive de prétendre que les renouvelables sont une énergie locale qui diminue les pertes en ligne, puis déclarer qu'on va résoudre les problèmes en transportant le courant sur 1000 km ce qui n'a jamais été nécessaire pour les énergie fossile ou nucléaire, et demande une multiplication des lignes très hautes tensions et commence à être significatif en pertes.

      En fait, si je prends les chiffres de RTE pour 2016, la production éolienne a couvert au maximum 17,9% de la consommation, pour une médiane à 3,52%, soit un rapport 5,1 entre les deux.

      Quand je considère à la place la somme de la production solaire et éolienne, le maximum était à 23,19% et la médiane à 5,29%, soit un rapport 4,4.

      Bref, c'est mieux certainement, mais à l'opposé de ce que vous décrivez en évitant surtout les données précises, les chiffres indiquent que l'amélioration n'est qu'à la marge, et absolument pas une différence fondamentale.

      Vous allez m'opposer que je prends les chiffres extrême, je ne regarde pas sur toute l'année et que peut-être avec le nucléaire non plus c'est pas si génial.

      Pour répondre à cela, je viens de faire un graphe qui compare la courbe de puissance pour les 2, ainsi que le nucléaire.
      Il est disponible ici : https://drive.google.com/file/d/0B_cJfo-nsaDFR1V3QmVYU0xJaXM/view

      Quand on normalise la production pour que le maximum soit à 100%, la médiane de l'éolien seul est à 19,56%, la médiane de l'éolien avec le solaire est à 22,83%, et la médiane de la production nucléaire est à 69%.

      Dans les faits, on accepte une certaine dégradation économique du nucléaire avec un max de la production qui le 11 août 2016 à 4h30 du matin est 116% de la demande, pour avoir une médiane qui correspond en réalité à 80,4% de la demande.
      On pourrait de même sacrifier quelques heures de production renouvelables pour remonter la médiane sans trop d'impact.

      Mais l'écart qui reste, la dégradation par rapport au mix utilisant le nucléaire, donc la difficulté et la part à apporter avec autre chose que les renouvelables, aujourd'hui à de tels volumes, forcément du fossile, est énorme.

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    2. La situation est différente pour le solaire et pour l'éolien. Dans le cas de l'éolien on ne peut pas trop jouer sur le facteur de charge.
      Pour le solaire, la situation est un peu différente vu que les panneaux solaires représentent environ 25% du coût total d'une installation. Le reste se répartit entre matériel électrique (câblage, convertisseurs DC/AC, transformateurs, ...) et génie civil/BTP.
      Mais rien n’empêche de surdimensionner la partie PV quitte à perdre de la production. Les grandes centrales solaires sont d'ailleurs surdimensionnées en PV par rapport à leur puissance de raccordement.

      Et quand on est en autoconsommation avec stockage on surdimensionne le PV d'un facteur 3 pour se retrouver au final dans une configuration de facteur de charge voisine d'une centrale classique nucléaire/fossile.
      Cela améliore le facteur de charge au détriment du temps de retours CO2.

      Qu'apporterait un facteur de charge élevé pour les ENRs? Il suffit d'en mettre plus, non? (avec le stockage intraday)

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