Un accord arraché, pour ne pas dire volé...
Réunie à Doha pour la 18e Conférence des Nations unies sur les changements climatiques (COP18), la communauté internationale devait s'entendre pour lutter contre le changement climatique et ses conséquences à un mois de l'expiration du protocole de Kyoto. Mais, l'habitude aidant, rares étaient ceux qui se montraient optimistes à l'ouverture de la conférence le 29 novembre. Pendant la semaine, le pessimisme est allé croissant pendant la semaine avec la crispation des positions mais aussi les défauts d'organisation (on a vu des ministres, dont l'arrivée en fin de semaine était censée donner une impulsion aux négociations, déambuler sans but dans les couloirs).
La conclusion du sommet prévue vendredi dans la soirée est repoussée une fois, deux fois, trois fois, quatre fois... Pour finalement permettre à la présidence qatarie d'annoncer un accord samedi.
Mais quel accord ? La Russie et les États-Unis ont immédiatement pris leurs distances. Le vice-premier ministre du Qatar a beau affirmer que "les décisions adoptées reflètent la volonté des parties dans leur ensemble", du point de vue du fonctionnement des négociations internationales (le consensus est la règle) comme du bon sens (la Russie et les États-Unis représentent un quart des émissions mondiales de gaz à effet de serre), cet accord n'existe pas.
... Et pourtant d'une maigreur affligeante
Mais au moins, la communauté internationale et le Qatar peuvent afficher un résultat : le Protocole de Kyoto est prolongé par une seconde période d'engagement de 8 ans à compter du 1er janvier 2013.
L'essentiel est sauf ? Ce serait oublier d'une part que ce nouvel accord doit être ratifié avant d'entrer en vigueur ce qui devrait prendre au moins 3 ans, d'autre part que le Japon, la Russie, le Canada et la Nouvelle-Zélande ne souscrivent pas à cette seconde période. Si on ajoute à cela que les États-Unis n'ont évidemment pas l'intention d'y entrer et les pays hors annexe 1 (dont la Chine, premier émetteur de gaz à effet de serre de la planète) n'ont toujours aucun engagement, l'accord ne concerne guère que l’Union Européenne, l’Australie, l’Islande, la Norvège et la Suisse. Il faut rendre hommage aux pays qui continuent à aller de l'avant au milieu de cette débandade, mais ils ne représentent que 15% des émissions mondiales : même avec beaucoup de bonne volonté, on voit mal comment ils pourraient infléchir la tendance...
Mais ce sommet avait un second enjeu : le financement de l'adaptation. Alors que les effets du changement climatique s'amplifient, la communauté internationale devait s'entendre pour aider les pays les plus pauvres à faire face à la catastrophe. Sur ce point, l'accord demande aux pays développés d'annoncer de nouvelles aides financières "quand les circonstances financières le permettront"...
Le grand soir est pour après-demain
Ce n'est qu'une question de temps, donc : à Varsovie en 2013, les pays industrialisés détailleront "leurs stratégies pour mobiliser des fonds afin d'arriver à 100 milliards de dollars par an d'ici 2020". A Varsovie toujours, des "arrangements institutionnels, comme un mécanisme international, seront décidés pour s'occuper de la question des pertes et dommages liés aux impacts du changement climatique dans les pays en développement particulièrement vulnérables", un mécanisme dont les États-Unis ne veulent pas, mais ils auront surement changé d'avis d'ici-là.
Finalement -promis !- en 2014 on réunira les chefs d’État. En 2015, on adoptera "un protocole, un autre instrument juridique ou un accord ayant force juridique". Et en 2020, il entrera vigueur. Pas d'inquiétude à avoir : le grand soir est pour après-demain...
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