Et avec le froid la consommation d'électricité augmente, particulièrement en France qui a le réseau électrique le plus thermosensible d'Europe. RTE prévoit une pointe de consommation au dessus de 93GW ce soir et demain matin.
La France va consommer 94GW d'électricité, alors qu'elle ne peut pas en produire plus de 90
Ces pointes de consommation posent problème car elles sont très au-dessus de nos consommations habituelles : pour une journée d'hiver normale, elle ne dépasse en général pas 70 ou 80GW. En janvier par exemple, la consommation maximale (le 15 à 19h) n'a été que de 77GW.
Répondre à une consommation telle que celle que nous allons probablement connaître ce soir, nécessite donc de démarrer tous les moyens de productions y compris les plus couteux et les plus polluants. A l'heure où j'écris le gaz représente 10% de la production d'électricité française et le charbon 3%, c'est beaucoup plus que d'habitude.
Mais cela ne suffira pas. Le parc électrique français ne peut produire que 90GW environ. Il faudra donc faire appel à l'effacement et surtout à nos voisins : les importations d'électricité sont en forte hausse depuis ce week-end alors que la France a été exportatrice pendant presque tous le mois de février.
Tout cela est risqué, coûte cher et pollue beaucoup mais grâce à ces efforts, l'électricité ne devrait pas manquer aujourd'hui. Le risque de coupure reste cependant réel et il pourrait devenir plus important dans les prochaines années.
Ce que vous pouvez faire à votre niveau
Tout cela peut paraître lointain mais à la fin, le consommateur d'électricité, c'est nous : si il y a une pointe de consommation vers 19h, c'est bien parce que c'est l'heure à laquelle nous rentrons chez nous, nous remettons un peu de chauffage, nous allumons le four et nous démarrons une lessive.
Et les petites contributions ne sont pas négligeables lorsqu'elles sont mises bout à bout : si tous les ménages français éteignent une lampe (de 40W), la consommation globale baisse de 1GW c'est-à-dire l'équivalent de la production d'un réacteur nucléaire.
Vous pouvez donc réellement aider à passer sans encombre la pointe de consommation.
Comment faire ?
- D'une manière générale, soyez particulièrement vigilants sur votre consommation d'électricité le soir autour de 19h et le matin entre 9h et 13h.
- Méfiez-vous de appareils chauffants (radiateurs électriques bien sur mais aussi fours, plaques de cuisson, bouilloire, cafetière, fer à repasser, etc.) qui sont d'énormes consommateurs d'électricité. Si vous êtes obligé de les utiliser, essayer de le faire en dehors des périodes tendues.
- Évitez les consommations inutiles même si elles vous semblent négligeables : ne laissez pas de lumière allumées, éteignez complètement votre ordinateur en quittant le bureau, débranchez les appareils en veille...
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Ce pic de consommation, c'est aussi l'occasion de se rappeler que le réseau électrique est un service public et que l'ensemble de ses utilisateurs, aussi bien producteurs que consommateurs, ont un rôle à jouer dans son bon fonctionnement. L'engagement des utilisateurs devient même de plus en plus crucial avec le développement des énergies renouvelables, alors autant s'y mettre tout de suite...
Publié le 27 février 2018 par Thibault Laconde
Ce genre d'information devrait être relayée à plus grande échelle.
RépondreSupprimerje me rappelle de ce fameux JT sur TF1 en mars 77
https://www.youtube.com/watch?v=PcpoP2QL0DE
Sans pousser le bouchon aussi loin, on devrait sensibiliser un peu plus...
Comment en est-on arrivés, d'une situation où on passait sans gros soucis des pointes à 102 GW il y a quelques années, à une situation où 94 GW posent problème ? Pourquoi ne pas crier haut et fort que l'abandon des centrales fossiles et leur remplacement par des ENRs intermittentes en est la cause ?
RépondreSupprimerNB: On peut voir l'état des réserves de RTE sur son site ici. (Pour ce soir, on voit qu'on ne passe que s'il n'y a pas de "gros problème". Les réserves "disponibles" sont inférieures aux réserves "requises" pour faire face à ce type de situation).
Signé: papijo
En 2012, le passage de cette pointe était extrêmement limite, on avait des inquiétudes de devoir recourir à des solutions plus extrêmes, réduire la tension pour diminuer automatiquement la consomation.
SupprimerEntre temps on a fermé pas mal de charbon et fioul, j'ai vu le chiffre de 9 GW de capacité de moins de 2013 à aujourd'hui, les 2 GW qu'il reste de charbon vont bientôt disparaitre.
L'avantage c'est que même dans cette situation extrême le taux de carbone de l'électricité française dépasse à peine 100gCO/KWh, soit bien moins que le minimum d'autres pays européens, et à partir du moment où ces centrales étaient présentes, elles avaient tendance à tourner à d'autres moment beaucoup moins critique.
En Allemagne il y a un système de réserve froide, des centrales sont arrêtées mais placées dans cette réserve, et dans le cas où une situation très tendue est prévue, le gestionnaire de réseau peut demander à exceptionnellement les redémarrer avec un délai qui semble être de l'ordre de la semaine.
Je pense qu'un système de ce genre serait nécessaire un peu partout en Europe, pour la sécurité du système électrique.
Certains militeront plutôt pour la fin du chauffage électrique, mais cela aurait des conséquences majeures en terme d'émissions CO2. Ceux qui veulent arréter le nucélaire ont quand même l'objectif de décarboner le mix électrique, or si celui-ci est autour de 100gCO2/KWh ou moins, le chauffage électrique émet moins de carbone que toutes les alternatives. Nous n'avons pas assez de forêts, et trop d'autres usages pour la biomasse qu'elle représente, pour faire du chauffage bois partout (qui en plus pose des problèmes de pollution si utilisé en masse, et de conso d'énergie pour le sécher).