[infographie] Le prix du pétrole est (toujours) ridiculement bas.

Ces dernières années, le  marché du pétrole a connu de nombreux rebondissements : en 2015, le baril s'est effondré passant de 60 à 30$, en 2016 il a repris péniblement le chemin des 50 puis des 60$ lorsque l'OPEP s'est entendue avec la Russie pour limiter la production mais, au début du mois de mars, il est de nouveau retombé aux alentours de 50$. Pendant ces deux années, une chose cependant n'a pas changé : un litre de pétrole a toujours été moins cher qu'un litre d'eau en bouteille !

Contrairement aux idées reçues, ce brut que l'on extrait à coups d'immenses investissements et que l'on transporte aux quatre coins de la planète reste extraordinairement bon marché. En fait, il est moins cher que presque tous les liquides que nous utilisons dans la vie courante :

le pétrole est moins cher que l'eau en bouteille, le lait ou la bière

Et même lorsqu'il est raffiné, taxé et vendu sous forme de carburant, le pétrole reste peu onéreux - ou en tous cas moins cher au litre que la bière ou l'huile... D'ailleurs la part des carburants dans les dépenses des ménages sont au plus bas depuis les années 70 :
les dépenses de carburant des ménages sont au plus bas depuis 30 ans
(Source)
Rapporté aux salaires, le pétrole n'a presque jamais été aussi abordable. Certes en 1960, il valait moins de 2$ mais à l'époque le salaire médian d'un français ne permettait d'acheter que 380 barils dans l'année, aujourd'hui notre salaire médian permet de s'offrir environ 430 barils par an.

Ce prix très bas est-il une bonne nouvelle ? Oui et non, selon le point de vue adopté. Pour la croissance et le pouvoir d'achat, c'est une bonne chose. C'est aussi une bonne nouvelle pour les pays les moins avancés dans lesquels l'accès à l'énergie reste difficile.
Mais du point de vue de la pollution et du climat, c'est une catastrophe : comment espérer réduire l'usage des énergies fossiles lorsque le prix est aussi modique ? Pour éviter que la transition énergétique soit emporté par une vague de brut bon marché, il est indispensable de relever le prix du carbone. La période est idéale : le bas prix du pétrole et le recul des dépenses de carburant permet de le faire de façon relativement indolore.

(Cet article est une version actualisée d'un autre paru en février 2016)


Publié le 3 avril 2017 par Thibault Laconde




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7 commentaires :

  1. Pourquoi vouloir réduire l'usage des énergies fossiles ?
    Une division par 2 des émissions de la France aurait quelle conséquence sur la température en 2100 ?

    Qui peut croire que la France avec des déficits records de son budget national et de sa balance commerciale, a les moyens de faire la difficile en matière d'énergie ?

    L'Allemagne ne s'embarrasse pas de ce genre de scrupules. Quand l'Europe a voulu imposer un plafond aux émissions de CO2 des véhicules, elle a fait immédiatement capoter le projet. Quand elle développe sa politique pro-ENRs, elle n'hésite pas à construire de nouvelles centrales charbon pour pallier à l'intermittence, ce qui aboutit à une augmentation (ou au moins à une stabilisation) de ses émissions de GES!

    Et ne parlons pas des pays non européens: USA, Russie, Chine, Inde ... Tous ces pays vont continuer à se développer, et la France n'aura même pas à fermer ses frontières, nous serons trop pauvres pour bénéficier du marché mondial ! Voulez vous retourner vivre dans une grotte ... ?
    Signé: papijo

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  2. Il est peu probable que le prix du pétrole remonte durablement. La raison est que sa consommation va baisser pour plusieurs raisons:
    - l'électrification des moyens de transport publics dans les villes s'accélère en raison de considérations environnementales
    - le coût de possession d'un véhicule électrique se rapproche rapidement de celui d'un véhicule thermique quand on inclut le coût du carburant et de l'entretien du moteur. Dans moins de 5 ans, rouler en véhicule électrique coûtera moins cher, même avec un prix de l'essence aussi bas.

    Il restera le transport aérien et les camions pour lesquels la transition prendra un peu plus de temps.

    Faut il relever le prix du carbone? Bonne question. Il faut aussi considérer que la mise en place des moyens de production de batteries pour l'automobile prend du temps et requiert énormément d'investissements. Tesla/Panasonic: 5 milliards pour 500 000 véhicules par an.
    Pour produire les 90 millions de véhicules par an, il faut donc ... 900 milliards. Sans compter la production minière et le déploiement des EnRs (rouler au charbon ne sert à rien).

    D'où cette réflexion: faut il amputer maintenant le pouvoir d'achat en relevant la taxe sur les carburants, ou mettre en place des mesures visant progressivement à décourager l'achat de véhicules au pétrole?

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  3. Plus précisément...

    Pour qu'une taxe carbone soit efficace, il faut qu'elle ait un impact sur le prix de l'essence. Et avec notre ras le bol fiscal, ça va à coup sur se terminer avec les bonnets rouges, le blocage des raffineries, et le blocus routier. Ce ne sera pas la première fois...
    Par contre dans les villes et avec l'arrivée de moyens de transport propre et silencieux, ça bouge. Le ras le bol de la bagnole qui pollue et qui fait un vacarme assourdissant permanent gagne du terrain.
    Demandez à un touriste si il a entendu des oiseaux rue de Rivoli à Paris. Il va surement se rappeler qu'il a du crier pour se faire entendre.

    Pour une transition en douceur, voici ce que je proposerais:
    - interdiction de tous les véhicules thermiques (pétrole/gaz, voitures, motos, camions) dans les villes de plus d'un million d'habitant d'ici 5 ans (ce n'est pas révolutionnaire, puisque c'est en cours dans plusieurs villes du monde, y compris Paris)
    - extension de l'interdiction dans les villes de plus de 300 000 habitants dans 10 ans,
    - extension aux villes de plus de 100 000 habitants dans 15 ans

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    1. Ce n'est pas révolutionnaire ...
      Avez-vous les pieds sur terre ?
      Imaginez les véhicules alimentant les commerces (de "proximité" !)de Paris décharger leurs marchandises en proche banlieue pour les transférer dans des camions à batteries (il faut raser combien de logements pour caser tout çà ?), tous les artisans et employés qui viennent travailler à Paris depuis la grande banlieue (avez-vous vu les bouchons à 7 h du matin sur les autoroutes à 50 km en direction de Paris) restant à la maison (les voitures électriques "ordinaires" (à moins de 30 000 Euros)n'ont pas suffisamment d'autonomie (en conduite en ville) pour faire l'aller-retour s'il y a du vent ou s'il fait trop froid (et il est déjà impossible de trouver une place assise dans un train de banlieue à 50 km de Paris entre 7 et 8 heures).

      Que l'on construise d'avantage de transports en commun autour des grandes villes en complément des systèmes actuels complètement saturés, je veux bien. Les gens les utiliseront d'eux mêmes s'ils sont commodes et à des prix abordables, mais il faut être masochiste pour vouloir "punir" ceux qui n'ont pas les moyens de vivre à proximité de leur boulot pour sa propre tranquillité !

      NB: Une alternative à mon avis plus intéressante: dissuader l'agrandissement démesuré des villes en faisant financer des emplois dans les villes "moyennes" par les sociétés qui installent de somptueux bureaux à la Défense ou dans les centre-villes. Les gens seront ravis de trouver des emplois près de chez eux plutôt que de passer des heures dans des transports en commun ou des embouteillages !
      Signé: papijo

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    2. Dans le cas de Paris, pour les camions le point de transfert existe déjà, c'est Rungis.

      On peut trouver des occasions électriques 4-5 places avec 80 km d'autonomie par temps froid à moins de 8000€. Auquel il faudra ajouter moins de 20€ d'électricité par mois pour 10 000 km/an (et une location de batterie pour la ZOé). C'est déjà moins cher qu'avec de l'essence.

      Pour les grands banlieusards, il faudra encore attendre 3 ans pour ques les ZOé à 400 km NEDC (250 km d'autonomie en réel) arrivent sur le marché de l'occasion. Des voitures électriques "low cost" (Dacia ?) vont arriver prochainement.

      Et 80 km d'autonomie dans le pire des cas, c'est suffisant pour des villes comme Lyon, Marseille, ...

      C'est techniquement et financièrement possible.

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    3. Rungis ne traite pas et de très loin la majeure partie du trafic marchandises de la capitale "élargie", même si une très grosse part des produits frais y transitent. Les produits les plus lourds: conserves, eaux minérales, farines (boulangers / pâtissiers), lait, produits d'entretien, vêtements, journaux et livres, carburants, etc. ne transitent pas par Rungis. Egalement, une bonne partie de ces marchandises deviennent des déchets qui repartent pour plus de la moitié en décharge du côté de Meaux. Il faudrait donc créer beaucoup de "gros Rungis" pour appliquer votre politique !

      En ce qui concerne les véhicules neufs, il ne faut pas oublier que si tout le monde perçoit une "subvention" de 10 000 euros, cela coûte 10 000 euros à chacun (+ frais !), auxquels il faut ajouter le manque à gagner de l'état sur les carburants (environ 60% du prix à la pompe) qu'il faudra bien récupérer dans vos poches ! Enfin dans votre estimation des coûts de la voiture électrique, il ne faut pas oublier la location au moins 2 ou 3 fois par an d'une "vraie" voiture à moteur thermique pour partir en vacances (et aussi pour en terminer un supplément sur l'abonnement EDF: une Zoé ne se charge pas avec un compteur 6 KVA !).

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    4. "une Zoé ne se charge pas avec un compteur 6 KVA"
      6 KVA??? Vous avez déjà chargé une voiture électrique?????
      (pour info, c'est 3,6 KVA avec une wallbox, et 2 KVA avec le cable fournis avec la voiture - c'est ce que consomme ma machine à café)

      Vous travaillez pour l'industrie pétrolière pour tenir de tels propos?

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