Cataclysme en 2060
Drôle d'ambiance pour cette nouvelle conférence dont l'ouverture a été saluée la semaine dernière par une salve de rapport plus alarmistes les uns que les autres. Publié le 21 novembre, celui du Programme des Nations Unies pour l'environnement montre que les émissions actuelles sont déjà supérieures à l'objectif fixé pour 2020 et qu'elles continuent de croître. Dans ces conditions, limiter le réchauffement global de la planète à 2°C, l'objectif fixé à Copenhague en 2009, semble de plus en plus difficile.
C'est aussi l'avis de la Banque Mondiale qui, dans un rapport publié le 18 novembre, estime que la trajectoire actuelle conduit à un réchauffement de 4°C dès 2060. Dans ce cas, "une cascade de changements cataclysmiques (...) frappant des centaines de millions de personnes" façonneraient un monde "tellement différent de celui dans lequel nous vivons qu'il est difficile de le décrire".
Enfin, l'Agence Européenne de l'environnement a conclu en décrivant les effets déjà visibles du réchauffement climatique sur le continent européen, y compris l’accroissement des inégalités socio-économiques.
Le protocole de Kyoto définitivement enterré dans un mois
Pour ajouter à la morosité, la conférence de Doha débute un mois à peine avant que le protocole de Kyoto arrive à expiration.
Signé en 1997, entré en vigueur en 2005, le protocole de Kyoto, et ses engagements contraignants pour les pays industrialisés, n'a jamais entièrement entièrement appliqué faute de ratification par les États-Unis. Une position que l'élection de Barack Obama n'a jamais remis en cause. Une nouvelle brèche a été ouverte il y a un an lors du sommet de Durban avec le retrait du Canada. Et à la fin de l'année, ça en sera bel et bien fini du protocole puisque sa période d'engagement se termine en 2012.
Doha : trouver un accord ou entrer dans un monde dangereux
La préparation de l'après-Kyoto devait commencer dès 2005 avec l'examen des engagements. mais c'est surtout à partir de 2009 et de la COP15 (15e "conference of parties") que s'est posée la question de l'après-2012. Sans succès jusqu'à présent. La conférence de Durban en 2011 a bien acté l'objectif de parvenir à des engagements contraignants mais ceux-ci n'entreraient en vigueur qu'en 2020, un objectif sans aucun rapport avec l'urgence de la situation.
Or, comme le soulignent les rapports publiés la semaine dernière, les effets du réchauffement climatiques se font d'ores-et-déjà sentir, avec des gagnants, par exemple les pays qui se préparent à accéder aux ressources libérées par le recul de la banquise, et ses perdants. Cette situation ne peut qu'exacerber les égoïsmes : Pourquoi les premiers feraient-ils le moindre effort pour limiter leurs émissions ? Et comment convaincre les seconds de continuer coopérer plutôt, par exemple, que de tenter l'expérience à haut risque de la géoingénierie ?
La seule issue est de garantir que les coûts du changement climatique, qu'il s'agisse d'atténuation, d'adaptation ou de compensation des dégâts, seront portés équitablement par l'ensemble de la communauté internationale.
A Doha, il faut un accord, non éviter une catastrophe - il est déjà trop tard - mais pour affirmer la solidarité de la communauté internationale face à la catastrophe à venir.
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