Pilotage du débat sur l'énergie, 6 sages et quelques questions

Delphine Batho l'avait annoncé, le débat national sur la transition énergétique doit commencer ce mois-ci pour durer jusqu'en juin 2013 et le vote d'une loi d'orientation dur l'énergie. Le coup d'envois a été donné ce week-end avec la désignation de 6 personnalités chargées d'animer les discussions entre les représentants de l’État, des collectivités, du parlement, des industriels, des ONG et des syndicats.

Ce sont donc Anne Lauvergeon, Laurence Tubiana, Jean Jouzel, Bruno Rebelle, Michel Rollier et Georges Mercadal qui devront faire face à un double défis : laisser se développer un véritable débat, complet et sans tabou, et parvenir à un consensus, indispensable pour engager le pays sur plusieurs décennies.

6 "sages" aux parcours divers

Anne Lauvergeon, que l'on ne présente plus depuis qu'elle a crée Areva en 2001, est agrégée de physique et membre du corps des mines. Elle a été conseillère de François Mitterrand. Après son éviction de la direction d'Areva, elle est restée administratrice de GDF-Suez et de Total.

Laurence Tubiana, diplômé de Science-Po Paris et docteur en économie, a commencé sa carrière en créant et dirigeant une ONG d'aide au développement, Solagral. Elle a été conseillère pour l’environnement auprès de Lionel Jospin avant de fonder en 2001 l'Institut du développement durable et des relations internationales, elle est directrice de la chaire Développement durable de Sciences Po Paris depuis 2003.

Jean Jouzel est docteur en science physique et spécialiste du climat. Il est membre depuis 1994 du Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat (GIEC).

Bruno Rebelle est vétérinaire, il a participé à la création de Vétérinaires sans frontière qu'il a dirigé entre 1991 et 1996. Il est entré chez Greenpeace France en 1997, il a été directeur des programmes de Greenpeace international entre 2003 et 2007. Il rejoint ensuite le Parti socialiste, il sera conseiller de Ségolène Royal pendant les élection de 2007, puis Europe écologie - les verts. Il dirige actuellement une entreprise de conseil en développement durable.

Michel Rollier est issu d'une dynastie de dirigeants de l'industrie automobile, il est juriste et diplômé de l'IEP de Paris. Après une vingtaine d'année dans la papeterie, il a rejoint Michelin en 1996. Il a dirigé l'entreprise entre 1996 et mai 2012. Son rôle sera sans doute de représenter le secteur des transports, gros consommateur d'énergie.

Georges Mercadal est polytechnicien et ingénieur des Ponts et Chaussées. Il a fait l'essentiel de sa carrière dans l'aménagement urbain. Il a été entre 2002 et 2007 vice-président de la Commission nationale du débat public. Cette nomination répond au souhait de certains participants qui réclamer un spécialiste du débat public au sein du comité de pilotage.

Une composition dans la douleur

La proposition initiale, rendue public le 10 novembre ne comprenait que 5 membres dont Pascal Colombani, l'ancien directeur du Commissariat à l'énergie atomique. Mais le 19 novembre, Pascal Colombani a annoncé qu'il déclinait la proposition "faute du temps nécessaire à consacrer à ce projet ambitieux".

Entretemps, certaines ONG s'étaient émues que le comité de pilotage comprennent 2 personnalités ayant fait l'essentiel de leurs carrières dans le nucléaire. Greenpeace et les Amis de la terre avaient même pris argument de cette composition pour refuser de participer au débat.
Il faut également rappelé que Pascal Colombani a un contentieux ancien avec Anne Lauvergeon, qu'il avait tenté d'écarter de la direction d'Areva en 2002.

Ce retrait a permis de faire entrer au comité de pilotage un représentant du secteur des transport, Michel Rollier, et un spécialiste du débat public, Georges Mercadal, mais il n'a pas suffit à convaincre Greenpeace et les Amis de la terre de prendre part au débat.

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