Ce chiffre m'a inspiré un petit calcul de coin de table que je vous propose ici...
Décontamination après l'accident de Fukushima |
Quelle est la probabilité d'un accident nucléaire ?
Selon les derniers chiffres de la World Nuclear Association, il y a 440 réacteurs nucléaires en service dans le monde.
Ce chiffre est pratiquement constant depuis 1990, depuis cette date on compte donc 11000 (25 x 440) années de fonctionnement de réacteur nucléaire.
Imaginons que ces réacteurs aient été mis en service entre 1970 et 1990 au rythme de 22 par an. Cela nous fait donc 4620 années.réacteurs supplémentaires.
On peut donc estimer que depuis son apparition, l'industrie nucléaire a accumulée environ 15000 années.réacteurs. Pendant cette période, il y a eu 2 accidents graves, Tchernobyl et Fukushima, soit un accident toutes les 7500 années.réacteurs. Ou, pour le dire dans l'autre sens, un accident par réacteur tout les 7500 ans.
Le nombre d'événements est bien sur beaucoup trop réduit pour qu'on puisse affirmer statistiquement que cette moyenne est correcte. La fréquence réelle des accidents nucléaires peut être plus faible, si nous n'avons pas eu de chance... ou plus élevée.
Mais admettons que cette moyenne soit correcte et que le nombre de réacteurs en service se maintienne, cela signifie qu'on peut s'attendre à un rythme moyen d'un accident grave dans le monde tout les 17 ans (7500/440).
Selon le même raisonnement, en France, où se trouvent actuellement 58 réacteurs, on aurait un accident majeur tout les 130 ans en moyenne. C'est peu ? Oui, mais ça vous laisse une bonne probabilité de traverser un Tchernobyl ou un Fukushima au cours de votre vie...
Combien coûterait une assurance "accident nucléaire"
Mais surtout, la probabilité d'un événement doit être mise en rapport avec sa gravité.
Comment estimer la gravité d'un accident nucléaire ? Reprenons donc le chiffre de l'IRSN, en gardant à l'esprit qu'il est très difficile d'estimer de façon fiable le coût de telles catastrophes, une étude précédente réfutée depuis envisageait d'ailleurs un cout beaucoup plus élevé, et que le chiffrage financier occulte les conséquences humaines (l'IRSN prévoit 100 000 réfugiés !).
Admettons cependant que l'ordre de grandeur soit bon et que l'accident nucléaire majeur qui va se produire dans 130 ans (ou peut-être la semaine prochaine) coûtera à la France 430 milliards d'euros. Le coût de cet accident rapporté à sa périodicité moyenne (en d'autres termes l'espérance mathématique de l'événement) est donc de 3.3 milliards d'euros par an (430/130).
Si nous voulions nous assurer contre un accident nucléaire (en ne prenant en compte que les accidents majeurs), il nous faudrait donc débourser cette somme chaque année.
Qui paie le risque nucléaire ?
En 2014, EDF, le seul exploitant de centrales nucléaires en France, a réalisé un bénéfice de 3.7 milliards d'euros, ce qui est un peu supérieur aux chiffres réalisé sur les années précédentes. Autrement dit EDF ne serait sans doute pas une entreprise viable si elle devait passer des provisions réalistes pour le risque d'accident nucléaire en France. Actuellement, EDF est assuré contre le risque nucléaire mais pour un montant 5000 fois inférieur au coût d'un accident majeur tel qu'évalué par l'IRSN : seulement 91.5 millions d'euros...
Au-delà de ce seuil, c'est l’État qui paie. Mais l’État ne fait pas non plus de provisions pour faire face à un accident nucléaire. Si cette police d'assurance de 3.3Mds€ par an était à sa charge, ce serait le 12e postes de dépenses du budget, derrière la défense ou la justice mais devant la santé, l'aide publique au développement ou l'agriculture.
A part la fermeture immédiate des centrales (qui ne semble pas réaliste), une solution équitable pourrait exister : faire payer le risque nucléaire par ceux qui consomment l'électricité produite. En 2012, EDF estimait le coût de l'électricité nucléaire à 38€ par mégawatt-heure pour une production d'environ 410 millions de MWh. Si on y ajoutait le coût de l'assurance, l'augmentation serait de 9€ environ (3.6/0.41) soit +25%.
C'est une hausse significative mais pas extravagante. Faute de l'accepter, nous laissons le coût de l'accident nucléaire à la charge de ceux qui en seront victimes et de leurs enfants.
Publié le 13 février 2013 par Thibault Laconde, dernière mise à jour le 9 mars 2016
Qui paie le risque nucléaire existe en France ?
RépondreSupprimerL'arrogance,la bêtise et l'ignorance n'ont aucune limite pour celles et ceux qui continuent à maintenir la France dans l'impasse.Cela revient à avoir raison contre le monde entier.Seul un régime autoritaire restreignant sévèrement les libertés individuelles et publiques peut permettre à ceux qui ont fait tous ces choix erronés de se maintenir au pouvoir.Entre temps il est possible et même probable que la faillite (économique,financière,environnementale et sociale)vienne mettre un terme à l'aventure autoritaire dans laquelle nous sommes embarqués de force.
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