La RSE (responsabilité sociétale des entreprises) est maintenant présente partout : pas une plaquette, pas un rapport annuel qui n'utilise cet acronyme.Pourtant, comme pour le développement durable précédemment, chacun semble donner à ces mots un sens différent.Pour y voir plus clair, je vous propose de définir cet acronyme, de faire un tour d'horizon des principales définitions existantes et d'essayer d'en comprendre les points-clés.
Sociale ou sociétale ? RSE, RSO ou RS ?
Le contenu et le sens de l'acronyme lui-même suscitent des débats.
Si on considère le terme RSE comme la traduction directe de l'anglais CSR (Corporate Social Responsability) alors il s'agit de Responsabilité Sociale des Entreprises. Mais, en France, social a un sens bien particulier. Lorsque l'on associe social et entreprise, on pense immédiatement syndicats, comité d'entreprise, CHSCT, etc.
La RSE va au-delà notamment dans son volet environnemental. C'est pourquoi une traduction alternative a été proposée : Responsabilité sociétale des entreprises. "Sociétal" est un barbarisme issu de l'anglais qui signifie simplement "qui se rapporte à la société". La RSE serait donc la prise en compte par l'entreprise de ses interactions avec la société qui l'entoure.
Alors "responsabilité sociale" ou "responsabilité sociétale" ? Une longue querelle à ce sujet a agité le petit monde de la RSE francophone.
Finalement, l'ISO 26000 a tranché le débat en 2010 en conservant social responsability en anglais mais en adoptant responsabilité sociétale en français. Malgré tout, l’appellation responsabilité sociale reste dominante.
Autre évolution : l'ISO 26000 ne parle plus de RSE mais de RSO, pour responsabilité sociétale des organisations, ou simplement de RS, responsabilité sociétale. L'objectif est évidemment de ne pas limiter la démarche aux entreprises et de pouvoir accueillir également les collectivités, les organismes publics, les associations, etc.
Quelques définitions de la responsabilité sociétale
L'ISO 26000 définit la responsabilité sociétale comme "la responsabilité d’une organisation vis-à-vis des impacts de ses décisions et activités sur la société et sur l’environnement, par un comportement transparent et éthique qui :
- contribue au développement durable, à la santé et au bien-être de la société ;
- prend en compte les attentes des parties prenantes ;
- respecte les lois en vigueur et est en accord avec les normes internationales de comportement ; et qui
- est intégré dans l’ensemble de l’organisation et dans ses relations."
D'un point de vue juridique, on peut considérer que le fameux article 225 de la loi Grenelle 2 donne une définition de la RSE en précisant les informations que les entreprises doivent fournir dans leurs rapports extra-financiers. Selon cette définition, la responsabilité sociétale est "la manière dont la société [l'entreprise] prend en compte les conséquences sociales et environnementales de son activité ainsi que ses engagements sociétaux en faveur du développement durable."
Pour terminer cette rapide revue, le MEDEF a publié un guide de la RSE dans lequel il la définit comme"l'intégration volontaire par l'entreprise des préoccupation sociales, sociétales, environnementales et de gouvernance à sa stratégie, à sa gestion et aux relations avec ses parties prenantes." Une définition reprise presque mot pour mot du livre vert de 2001 de la Commission Européenne.
Comprendre la RSE : quelques points clés
On le voit, les définitions varient et parfois assez sensiblement (songez par exemple au volontariat mis en avant par le MEDEF). Sans lancer de polémique, voici quelques points clés issus de ma propre expérience qui me paraissent indispensables pour comprendre la responsabilité sociale d'une entreprise :
- La RSE c'est la mise en œuvre du développement durable dans l'entreprise
: Le développement durable est un horizon général un peu vague. Avec la RSE au contraire, on parle des moyens et des actions qui permettent à une entreprise de contribuer concrètement à cet objectif.
- La RSE c'est d'abord du management : Obtenir une certification, mettre en place des échanges avec les parties prenantes, développer une filière de recyclage, etc. Oubliez ! Tout cela est secondaire. Une organisation responsable est d'abord une organisation qui responsabilise ses collaborateurs. La question essentielle est donc : est-ce que mon entreprise reconnait et récompense les comportements vertueux ? Si la réponse est non, quels que soient vos projets ils resteront vraisemblablement sans lendemain...
- La RSE c'est l'ouverture : L'esprit de la responsabilité sociétale est de sortir du schéma simpliste d'une entreprise responsable uniquement de ses résultats auprès des actionnaires. Les personnes qui subissent les effets (positifs ou négatifs) des décisions de l’entreprise doivent être entendus. Mais il ne s'agit pas que de contrainte : tisser des liens avec ses parties prenantes permet aussi d'innover, d'anticiper, de convaincre... bref de créer de la valeur.
- La RSE est une démarche d'amélioration continue : On n'est pas responsable, on le devient toujours un peu plus. Il faut savoir prendre patience et combiner de petites réalisations à l'impact limités avec les démarches de long-terme afin d'entretenir l’intérêt de l'organisation et de ses salariés.
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