L'économie sociale et ses avatars (entrepreneuriat social, BOP, social business...) tente de relever ce défi. Petit tour d'horizon...
L'économie sociale et solidaire : un projet politique issu du XIXe siècle
L'origine de l'économie sociale et solidaire (ESS) remonte au milieu du XIXe siècle (création de la première coopérative The Rochdale Society of Equitable Pioneers en 1844 en Angleterre). Les acteurs de l'ESS ont des objectifs variés et n'obéissent pas tous aux mêmes principes mais ils ont en commun de ne pas considérer la recherche du profit comme leur principal but. Il est donc plus facile de donner une définition négative de l'économie sociale et solidaire : c'est tout ce qui ne relève ni du secteur privé à but lucratif ni du secteur public. Dans ce "tiers secteur" se trouvent une multitude de structures : associations, coopératives, mutuelles... mais aussi entreprises classiques comme les entreprise d'insertion.
En France, l'INSEE estime que l'ESS emploie environ 10% des salariés et produit environ 10% du produit intérieur brut (PIB). Pourtant, malgré ce poids économique, malgré son ancienneté et ses ambitions politiques ("une tentative de reconquête populaire de la sphère économique" selon l'expression du sociologue Jean-Louis Laville), ce mouvement n'est pas parvenu à se structurer
L'entrepreneuriat social : un renouvellement de l'idée d'économie sociale
L'entrepreneuriat social naît à la Harvard Business School en 1993. Il se définit avant tout par la recherche d'une finalité sociale, sociétale ou environnementale, indépendamment des statuts de l'entreprise. En particulier, l'entrepreneuriat social n'est pas en contradiction avec la recherche du profit.
On peut donc retrouver dans ce mouvement aussi bien les acteurs traditionnels de l'économie sociale que de grands groupes internationaux qui utilisent leurs savoir-faire à des finalités sociale, culturelles, environnementales...
La "base of pyramide", une déclinaison de l'entrepreneuriat social
Comment concilier recherche du profit et objectif social ? L'économiste indien Coimbatore K. Prehalad en a donné un exemple avec le concept de base of pyramide (BOP). Selon lui, 4 à 5 milliards de personnes sont exclues du système économique non seulement à cause de leur faible pouvoir d'achat mais aussi parce que les entreprises ne proposent pas de produits adaptés à leurs besoins.
C'est donc un marché immense, Prehalad l'estime à 13.000 Mds$, qui peut s'ouvrir aux entreprises qui feraient l'effort de servir mieux les plus pauvres. Le micro-crédit est un exemple bien connu de ce type de démarche.
C'est donc un marché immense, Prehalad l'estime à 13.000 Mds$, qui peut s'ouvrir aux entreprises qui feraient l'effort de servir mieux les plus pauvres. Le micro-crédit est un exemple bien connu de ce type de démarche.
Une version militante : le "social business"
L'inventeur du micro-crédit, justement, l'économiste bangladeshi Muhammad Yunus propose une idée radicalement différente : le social business. Il s'agit d'une entreprise qui se fixe des objectifs sociaux mais, en plus, s'interdit de verser des dividendes à ses actionnaires.
Pour lui la volonté de faire le bien est une motivation tout aussi forte que la recherche du profit et il est préférable de ne pas mélanger ces deux objectifs pour ne pas avoir un jour à choisir l'un au détriment de l'autre. D'autant plus qu'une entreprise qui n'est pas obligée de dégager des bénéfices pourra plus facilement mettre ses produits à la portée des plus pauvres.
La différence entre le social business et l'entrepreneuriat social peut sembler anecdotique, elle est en fait immense. En ne versant pas de dividende, c'est-à-dire en ne rémunérant pas le capital, le social business va à l'encontre d'un des principes fondamentaux du capitalisme. Sa mise en œuvre à grande échelle nécessiterait d'inventer de nouveaux mécanismes d'échange (comment évaluer le prix d'une entreprise qui ne rémunère pas son propriétaire ?).
Même si Yunus envisage de faire cohabiter les deux systèmes, capitaliste et a-capitaliste, il est évident que sa proposition porte en germe une remise en cause profonde de notre système économique.
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La différence entre le social business et l'entrepreneuriat social peut sembler anecdotique, elle est en fait immense. En ne versant pas de dividende, c'est-à-dire en ne rémunérant pas le capital, le social business va à l'encontre d'un des principes fondamentaux du capitalisme. Sa mise en œuvre à grande échelle nécessiterait d'inventer de nouveaux mécanismes d'échange (comment évaluer le prix d'une entreprise qui ne rémunère pas son propriétaire ?).
Même si Yunus envisage de faire cohabiter les deux systèmes, capitaliste et a-capitaliste, il est évident que sa proposition porte en germe une remise en cause profonde de notre système économique.
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Il est vrai que l'entreprenariat social vise plus l'intérêt général que le profit mais avec le business social même s'il vise les bénéfices prend en compte les les besoins d'une communauté
RépondreSupprimerl'économie sociale schématiquement est la moralisation du libéralisme économique, la réconciliation entre l'économie et la morale, l'économie solidaire souhaite constituer une alternative à la société de marché et lutter contre ses dérives (précarisation, ubérisation etc..). Les pionniers de Rochdale concerne surtout le mouvement coopératif, branche de l'économie sociale, qui s'est construite à l'opposé du syndicalisme (le consommateur vs le travailleur). l'entrepreneuriat social n'est pas un renouvellement de l'ESS, mais une réinterprétation de personnes considérant qu'une entreprise qui fait du profit, a plus de chance de résoudre des problématiques sociétales et environnementales
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