Electrification de l'Afrique : pour la Commission Européenne, les solutions existent !

Bien que 2012 soit l'année internationale de l'énergie durable pour tous, l'électrification du continent africain semble encore largement hors de portée. Trop isolé, trop cher, trop peu rentable... En dehors de quelques projets d'électrification rurale décentralisée, il n'y a donc aucun espoir que les habitants du continent accèdent à une énergie moderne, et a fortiori durable ? Faux, répond le Centre commun de recherche de la Commission Européenne dans un rapport sur les énergies renouvelables en Afrique publié en début d'année.
Ce rapport passe en revue l'énergie solaire, l'énergie hydroélectrique, l'éolien et la biomasse et compare leurs coût aux techniques traditionnelles comme le développement du réseau électrique public et les groupes électrogènes. Et, surprise, il apparait que les énergies renouvelables peuvent permettre l'accès de l'ensemble du continent africain à une énergie moderne et bon marché...

Un continent très en retard pour l'accès à l'énergie

Le constat est connu : en Afrique, près de 600 millions de personnes n'ont toujours pas accès à l'électricité. Le taux d'électrification rurale progresse très lentement alors que 60% de la population africaine vit dans des zones peu densément peuplées.


Par conséquent, la biomasse traditionnelle, c'est-à-dire le bois transformé ou non en charbon, est encore la principale source d'énergie : elle représente près de 80% de la consommation en Afrique sub-saharienne et ce taux dépasse 99% pour les besoins résidentiels au Congo, en Éthiopie, au Mozambique... Près de 90% du bois abattu en Afrique est utilisé comme combustible alors que les observations montrent que presque partout sur le continent la végétation recule.
Si rien n'est fait, ce phénomène va s'accélérer : faute d'accès à une énergie moderne, l'urbanisation se traduit par une hausse de la consommation de charbon (1% d'urbains en plus = une hausse de 14% de la consommation de charbon) alors même que les techniques traditionnelles de fabrication de charbon de bois ont des pertes de l'ordre de 60 à 80% et nécessitent pas conséquent de grande quantité de bois.

L'échec des solutions classiques : extension du réseau et groupe électrogène

En dehors du Golfe de Guinée et d'un arc reliant l’Éthiopie à la Namibie, les infrastructures électriques sont quasiment inexistantes. Dans ces conditions, l'accès à l'énergie via le développement du réseau électrique nécessiterait des investissements très importants pour desservir des zones souvent peu peuplées. Cette solution semble donc hors de portée aussi bien dans le cadre d'initiative privée que d'aide au développement.

La solution la plus classique dans ce contexte serait la mise en place de mini-réseau alimenté par des groupes électrogènes. Seulement, elle n'est pas non plus très réaliste pour l'Afrique. Là encore, la faible densité et l'absence d'infrastructure (routière cette fois) posent problème : l'approvisionnement en carburant est problématique et renchérit le coup de l'électricité produite, sans parler de la maintenance...

Les énergie renouvelables, moins chères et plus efficaces

L'idée des mini-réseaux n'est cependant pas à abandonner. Il faut simplement tenir compte de leur isolement et choisir des sources d'énergie qui dépendent peu de l'extérieur : pas de carburant, peu de maintenance et de pièces de rechange... Les énergies renouvelables sont toutes indiquées. Et contrairement aux idées reçues, elles ne sont pas hors de prix.
Le rapport de la Commission Européenne a fait le calcul pour le solaire. En tenant compte de l'ensoleillement, du prix du carburant, des coût de transport, et il apparait que pour une grosse moitié du continent (représentée en jaune et orange sur la carte), l'électricité solaire est moins chère que celle produite par un groupe électrogène :


Régions d'Afrique où l'électricité photovoltaïque est moins chère que celle produite par un générateur diesel
Dans beaucoup de pays (jaune-orange), le solaire photovoltaïque
est moins cher qu'un groupe électrogène
Et encore, ces calculs tiennent compte des subventions sur les carburants qui petit à petit disparaissent...

Le même exercice, fait avec l'énergie hydroélectrique, montre que sur une diagonale allant du Sénégal à Madagascar, la petite hydroélectricité est la solution la moins couteuse :
Régions d'Afrique où l'hydroélectricité est l'énergie la moins chère
En Afrique centrale, la petite hydroélectricité est très concurrentielle


L'éolien, quant à lui, offre un potentiel plus limité et concentré sur le Sahara et la Somalie.

En conclusion, le rapport montre que les énergies renouvelables, combinées parfois à l'extension du réseau existant ou à des groupes électrogènes, rendent possible l'électrification de l'ensemble du continent avec un coût du kilowatt-heure inférieur à 30 centimes d'euro.


(Les cartes présentées sont extraites du rapport)

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