Malheureusement celle-ci s’améliore très lentement. Si la consommation d'énergie de l'économie française baissait de 10% au cours de 10 prochaines années, il faudrait que l'intensité énergétique baisse de 3.5% par an pour atteindre une croissance de 2.5%. Une telle baisse n'a jamais été atteinte au cours de 20 dernières années...
Voici quelques réflexions complémentaires suite à cet article.
L'intensité énergétique chinoise baisse rapidement. Pourquoi pas la notre ?
Certaines régions du monde voient leurs intensités énergétiques baisser beaucoup plus rapidement que la France : en Chine, par exemple, l'intensité énergétique a baissé de 19.06% pendant le XIe plan quinquennal (2006-2010). Un objectif de -16% est fixé dans le cadre du du XIIe plan quinquennal.
Mais une telle baisse n'est possible qu'à deux conditions :
- Partir de très haut : entre 2000 et 2005, l'intensité énergétique chinoise avait fortement augmenté et malgré une amélioration rapide, l'économie chinoise a encore besoin de 4 fois plus d'énergie que l'économie française pour produire un 1€...
- Investir massivement : Avez-vous noté que la Chine a annoncé qu'elle investirait 372 milliards de dollars au cours des 3 prochaines années pour faire baisser sa consommation d'énergie ?
Doit-on souhaiter une baisse rapide de l'intensité énergétique ?
Même si l'objectif était atteignable, une baisse rapide l'intensité énergétique serait-elle une bonne chose ? Pour l'économie, oui sans aucun doute. Mais pour l'environnement vraisemblablement non.
En effet, dans ce cas il faudrait lutter contre "l'effet rebond". Ce phénomène, décrit dès 1865 par William Jevons pour le charbon, est bien connu des économistes et des énergéticiens : l’amélioration de l'efficacité énergétique rend la consommation d'énergie plus rentable de telle sorte celle-ci augmente au lieu de diminuer.
Un exemple très simple : imaginons qu'un bond technologique permette de diviser par 2 la consommation en carburant des automobiles. Les ventes d'essence vont-elles baisser ? Rien n'est moins sur : les nouvelles voitures vont faire concurrence plus facilement aux transports en commun dans les villes, elles vont aussi devenir une alternative intéressante au train , il redeviendra peut-être avantageux d'habiter en lointaine banlieue plutôt qu'en centre-ville proche de son travail, le transport routier de marchandises sera stimulé, etc.
Compte-tenu des efforts entrepris un peu partout dans le monde pour faire progresser l'efficacité énergétique, nous allons très vraisemblablement être confronté à cet effet rebond au cours des prochaines années. Les contraintes environnementales, principalement le changement climatique mais aussi la baisse des stock qui oblige à recourir à des techniques d'extraction toujours plus chères et dangereuses, nous obligeront à accompagner l'amélioration de l'efficacité énergétique par des mesures fiscales (hausse des taxes sur les carburants, par exemple) qui in fine réduiront fortement les gains en termes de croissance.
En conclusion, l'amélioration de l'efficacité énergétique ne permettra de toute façon pas d'assurer une croissance économique soutenue tout en limitant la consommation d'énergie. Elle reste néanmoins la meilleure, si ce n'est la seule, voie pour sortir de la boulimie énergétique sans passer par un effondrement économique.
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