Comment vivriez-vous avec moins d'énergie ? La réponse par la bande dessinée

Gaz de schiste, nucléaire, réchauffement climatique... Nos sources d'énergie nous font peur. Mais serions-nous capable de nous en passer ?

Vous utilisez de l'énergie sous différentes formes : de l'essence dans votre voiture, du gaz pour le chauffage, de l'électricité qui elle-même est produite essentiellement à partir d'uranium, de gaz ou de charbon... En additionnant l'ensemble, on obtient en moyenne 46 200 kWh par français et par an, soit l'énergie contenue dans 4 tonnes de pétrole.
Que se passerait-il si vous n'aviez à votre disposition que 3 tonnes de pétrole, voire 1.5 tonnes ou même 500 kilogrammes ? Prenez quelques secondes pour imaginer votre vie quotidienne et le monde qui vous entourerait...
 
Prêt ? Vérifions que votre imagination est correcte avec 3 bandes dessinées connues pour leur soucis du détail.

 

3 tonnes de pétrole par an : Gaston en 1970


Energie et développement - Consommation d'énergie en 1970 Gaston LagaffeLe personnage de Franquin, avec sa vie urbaine, son travail de bureau, sa voiture, son goût pour les loisirs, les vacances et les gadgets divers, a un mode vie proche de celui que nous connaissons aujourd'hui. Parmi ses collègues, Fantasio peut même - comble de la modernité ! - se permettre d'habiter un pavillon avec jardin en banlieue et posséder une voiture bien plus puissante que nécessaire.
La consommation d'énergie de Gaston est donc importante, 3 tonnes équivalent pétrole s'il est dans la moyenne française du début des années 70, mais elle reste inférieure de 25% à la nôtre. Cet écart vient essentiellement d'un niveau de vie et de consommation plus bas qu'aujourd'hui : depuis 1970, la richesse par habitant a doublé en France. Et au-delà de notre confort quotidien, l'énergie est aussi un facteur de production.

1.5 tonnes de pétrole : Blake et Mortimer en 1950


Energie et développement - Consommation d'énergie en 1950 Blake et Mortimer
Vingt ans plus tôt, au sortir de la guerre, la consommation d'énergie est nettement plus basse. Les héros de Edgar P. Jacob, s'ils sont dans la moyenne française de l'époque, n'ont à leur disposition que l'équivalent de 1.5 tonnes de pétrole par an. Cette valeur correspond d'ailleurs à la moyenne mondiale à l’heure actuelle.
Leur mode de vie est confortable mais sans doute plus austère que le nôtre. Ils ont accès à l'électricité même s'ils ne l'utilisent guère que pour l'éclairage. Ils voyagent facilement en Europe, plus rarement au-delà. En arrière plan de leurs aventures, on voit parfois un Paris déjà encombré de voitures.

Un peu plus de 500kg de pétrole par an : Tintin dans les années 30


Energie et développement - Consommation d'énergie en 1930 TintinL'univers de Tintin nous semble proche et pourtant... Pourtant, par sa consommation d'énergie, Tintin est plus proche du XVIIIe siècle que de notre époque. La consommation d'énergie dans la France des années 30 est en moyenne 7 fois inférieur à la nôtre, soit un peu plus d'une demie tonne de pétrole par an, une consommation proche des niveaux pré-industriels.
Cet écart se ressent : lorsque Tintin se rend en Amérique (en 1932) ou en Chine (en 1936), il le fait en bateau. L'aviation est encore le domaine des pionniers. Les voitures existent mais sont des biens de luxe, les déplacements se font souvent à cheval, en train ou même à pied. L'information passe par la radio ou le cinéma. Pour le reste les appareils électriques sont presque inexistants. L'industrie et la consommation de masse existent (on voit de nombreuses publicités dans les rues Shanghai dont une pour une ampoule électrique Siemens) mais elles n'ont pas encore révolutionné les modes de vie.

En conclusion


Alors, peut-on faire baisser notre consommation d'énergie ? Cette question va être, espérons-le, centrale dans le débat sur la transition énergétique. (edit juillet 2013 : la synthèse adoptée en conclusion du débat sur la transition énergétique recommande une division par 2 de la consommation d'énergie française d'ici à 2050)
L'objectif de cet article n'est pas d'y répondre mais de montrer que l'on peut sans difficulté s'identifier à des personnages qui consomment bien moins d'énergie que nous. Une façon de dédramatiser la question : on peut réduire largement notre consommation sans "revenir à la bougie".

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2 commentaires :

  1. L'image fait comprendre mais je suis convaincu qu'elle est fausse et même contre-productive. Présenter la baisse de la consommation d'énergie comme un retour en arrière est non seulement une contre publicité mais un contre-sens. Un exemple : il est aujourd'hui possible (j'allais dire facile... sous réserve de bonne formation et de bons comportements) de vivre dans un logement confortable en ayant une consommation d'énergie entièrement compensée par une production locale d'énergie renouvelable. J'ai bien dit confortable avec les critères d'aujourd'hui, pas ceux d'il y a 30 ou 70 ans.
    Arnaud

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  2. Bonsoir,

    Votre commentaire m'a fait longuement réfléchir (d'où cette réponse tardive).

    En conclusion, je ne crois pas qu'il y ait ni contre-sens ni contre-publicité : Dans une société qui est obnubilée depuis 200 ans par la croissance (du PIB, de la consommation, du pouvoir d'achat...) et qui n'a pratiquement connu qu'elle, on ne peut pas parler de baisse sans évoquer le passé : par construction, baisser notre consommation c'est toujours la ramener à un niveau qu'elle a eu 10, 20 ou 50 ans.

    Mais :
    1. Il ne s'agit pas de revenir au niveau de consommation de 1700, pas "de retour à la bougie". Ces affirmations sont outrancières et décrédibilisent ceux qui les tiennent. C’est l’objet de cet article.
    2. Le progrès ne peut pas se réduire à la croissance d'indices de production ou de consommation.

    Si on croit qu'une baisse de la consommation d'énergie est nécessaire, on ne peut pas éluder la référence au passé. C’est une question légitime de la part de nos interlocuteurs et un argument prévisible de la part de nos adversaires (d’ailleurs souvent les mêmes qui clament que tout allait mieux avant). Il me semble donc indispensable de l’accepter et de l’assumer.

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