2014, année du développement durable ? La réponse vue par 5 blogueurs.

Que nous réserve 2014 ? Cette nouvelle année sera-t-elle celle de l'immobilisme ou au contraire marquera-t-elle des avancées en matière de développement durable ? RSE, protection de l'environnement, changement climatique... Quels sont les sujets qui feront l'actualité ?
Partant du principe que "les prévisions sont difficiles, surtout lorsqu'elles concernent l'avenir", je me suis aimablement déchargé de la tâche sur quelques collègues blogueurs spécialistes du développement durable. Je leur ai demandé quelle serait selon eux l'évènement ou la tendance qui marquerait l'année. Voici leurs réponses :


En 2014, plus que jamais, l'écologie, ça commencera à bien faire !" 
Didier Barthès et Jean-Christophe Vignal d'Economie durable


La tendance marquante en 2014 devrait être la recherche de la croissance du PIB à tout prix pour tenter de retrouver quelque équilibre à notre société urbano-industrielle, ou à tout le moins en limiter les déséquilibres les plus flagrants. Ce qui signifie mettre de côté tout ce qui peut compliquer la production des biens et services, et notamment les normes contraignantes s'inscrivant dans une logique de développement durable. Il faut voir par exemple avec quelle gourmandise les professionnels de l'immobilier sont en train de se saisir du choc de simplification pour envisager des constructions un tout petit peu moins coûteuses mais surtout moins bien conçues et moins économes en énergie, privilégiant une fois encore le court terme au long terme. En 2014, plus que jamais, l'écologie, ça commencera à bien faire ! (Jean-Christophe Vignal)


L’évènement qui, en 2014, changerait les choses en matière d’écologie est bien improbable. La problématique est si vaste, que seuls des mouvements de fond, touchant à l’ensemble de nos comportements sont susceptibles de faire évoluer durablement, c’est-à-dire réellement, les choses. Plus qu’une prédiction, je préfère donc émettre le souhait que peu à peu, la question démographique prenne toute sa place dans les débats sur l’écologie. Que nous comprenions que notre nombre est un facteur déterminant et que l’explosion de nos effectifs réduira à néant l’ensemble des efforts que nous pourrions faire pour préserver la nature. Nous devons cesser d’occuper tous les territoires. Comme l’a dit Alain Gras : « L’avenir de l’Humanité passe par l’établissement d’un rapport plus humble avec la planète ». (Didier Barthès)


L’année au cours de laquelle l’on aura repensé la façon de faire des affaires, de produire, ou encore de consommer" 
Julien Goy, blogueur spécialiste de la RSE sur Responsabilité Sociale

J’ai bon espoir pour que 2014 soit l’année au cours de laquelle l’on aura repensé la façon de faire des affaires, de produire, ou encore de consommer; ou du moins réalisé des avancées significatives. Patagonia s’est lancé dans une telle réflexion via sa campagne Responsible Economy. Je ne veux pas parler de décroissance, un concept à mon avis voué à l’échec, mais plutôt de prendre une autre direction; ou peut-être de ralentir. Peut-on imaginer une économie qui produise des collectivités saines, créée des emplois ayant du sens et ne prenant à la Terre que ce qu'elle peut lui restituer? Quelles sont les entreprises qui peuvent et veulent s'inscrire dans un modèle différent? Cela semble être très ambitieux, mais n'est-ce pas ce qui nous manque justement - de l'ambition - pour vraiment faire avancer et changer les choses?
Aux Etats-Unis, dans plus en plus d'Etats, il est possible de fonder une "Benefit Corporation". Il s'agit d'une nouvelle forme juridique d'entreprise, qui
  1. crée un impact positif sur la société et l'environnement, 
  2. étend son obligation fiduciaire pour qu'elle requiert la considération d'intérêts non-financiers lors de la prise de décision, et 
  3. rapporte sur sa performance sociale et environnementale globale à l'aide de normes reconnues. 
Trois points pas si évidents que ça, d'autant que les responsabilités ainsi engagées se retrouvent dans les statuts de l'entreprise. Il ne s'agit pas de faire une déclaration que l'on pourra oublier ensuite; c'est vraiment de la raison d'être de l'entreprise dont on parle. A noter que cela n'empêche pas l'entreprise de faire du bénéfice. Il faut juste le faire de manière responsable.
Nous pouvons encore évoquer les apports potentiels d’une façon de faire du business plus "zen", grâce à laquelle le monde des affaires serait plus calme, moins focalisé sur le résultat à tout prix. C'est l'idée que Thich Nhat Hanh s'efforce de véhiculer en rencontrant de nombreux dirigeants d'entreprise de par le monde.
Mettre à profit d'anciennes sagesses et utiliser la spiritualité dans le monde du business, c'est aussi une idée défendue par Ram Nidumolu, dans son ouvrage Two Birds in a Tree: Timeless Indian Wisdom for Business Leaders. Une véritable feuille de route pour les leaders de demain - et d'aujourd'hui - vers un "recentrement" sur l'être plutôt que l'avoir, où l'interconnexion est primordiale.

Enfin, comment parler de reconnecter l'entreprise avec le monde qui l'entoure sans parler d'empathie et de la Civilisation Empathique de Jeremy Rifkin ? Dans son ouvrage Une nouvelle conscience pour un monde en crise, il nous montre comment nous pouvons relire l'histoire de l'humanité sous l'angle non plus du conflit, mais sous celui de l'empathie, de l'altruisme. Un regard empathique sur notre monde nous mènera à faire de meilleurs choix. Si une entreprise et ses dirigeants font l'effort de se mettre à la place des populations défavorisées auxquelles ils cherchent à vendre leur produits, ou celles relocalisées suite à la construction d'un barrage, ces dirigeants seront amenés à prendre les bonnes décisions.

Les pistes et les raisons de croire qu'un nouveau modèle économique est possible existent et sont nombreuses. Va-t-on pour autant les emprunter ? Et si oui, cela aura-t-il lieu en 2014 ? Je crois que cette année va vraiment être une année charnière et qu'elle peut nous amener de belles réalisations, faisant évoluer le monde de l'entreprise, et le monde de manière générale, vers une amélioration globale.


Certaines grandes entreprises ont pris conscience qu’elles devaient aborder le virage de la mutation sans attendre les décisions politiques" 
Christophe Clouzeau de Web Développement durable


Au lendemain des fêtes de fin d’années 2013, le constat subjectif est que les gens se sont rassemblés en petit comité pour partager des choses simples, humaines et de profonde qualité, sans superficialité ou excès.
Le constat objectif additionne la liste des forces suivantes : le collaboratif, la mondialisation, les interconnexions numériques, les manifestations visibles d’un dérèglement climatique, le manque de réponse court-termiste réaliste des politiques autant que pour une vision à long terme. Nos activités et nos modes de pensée nous poussent à plus de réactivités, de vitesse, de gestion d’urgences toujours plus urgentes. Le rythme accéléré de notre course au profit, pour la survie ou pour encore plus de production de richesses, dégrade notre environnement ; les populations, bien qu’elles subissent cette course techno-économico-financière, en font l’amer constat. Des actions locales se mettent donc en place en marge du système de rentabilité, notamment dans le secteur de l’économie sociale et solidaire.

Certaines grandes entreprises ont pris conscience qu’elles devaient aborder le virage de la mutation sans attendre les décisions politiques. Les acteurs de concept non polluant, d’énergies renouvelables, de grands travaux collectifs salutaires mettent en œuvre leurs idées sur la base des solutions numériques et de partage. Notre monde est connecté et échange de plus en plus de données, entre l’humain, ses actions et les capteurs environnants.
2014 pourrait donc être une année charnière où l’ensemble de ces actions de réformes profondes de vie s’effectue de façon intersolidaire et suffisamment puissant pour enclencher un véritable processus de transformation issu de la base citoyenne.


Pour conclure très brièvement sur ma propre opinion...

2014 devrait enfin voir la naissance de la grande loi sur l'énergie promise par le gouvernement français. Les choix qui seront effectués seront forcément très observés à un an de la Conférence sur le Climat de Paris, mais aussi parce que la politique énergétique française à des répercussions européennes, au moment où le continent hésite manifestement sur la voie à suivre, et même mondiales (ne serait-ce que parce que les champions industriels du secteur exportent aux quatre coins du globe).
Cette loi sera l'aboutissement d'un processus laborieux, mais quelle que soit l'orientation choisie, ce sera surtout un point de départ : renouvellement d'un parc nucléaire en bout de course dans la continuité des choix fait il y a 40 ans ? "Normalisation" du mix français avec une décroissance du nucléaire au profit des énergies fossiles ? Ou bien virage vigoureux vers la sobriété avec une bonne dose d'énergies renouvelables ?


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2 commentaires :

  1. en tout cas,nous attendons avec impatience le retour,ne ce reste que,de l'équilibre environnementale.cela, pas seulement au bénéfice de la France et de l'Europe,mais du Monde entier

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  2. Il y aurait tellement de projet à porter en matière environnementale. Mettre en avant l'énergie solaire, l'éolien, ainsi que de se tourner vers la valorisation des déchets. L'écologie est en matière économique un secteur créateur d'emploi alors pourquoi freiner tout çà ! Les initiatives individuelles sont généreuses et créatives mais malheureusement elles ne suffisent pas !

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