Je suis en train de monter une start-up dans l'adaptation au changement climatique. Et vous pouvez aider !

Si vous fréquentez régulièrement ce blog, vous vous êtes sans doute aperçu que je me tiens relativement coi ces derniers temps. Cela vous aura d'autant plus étonné que nous avons enfin un projet de PPE, que l'Allemagne est en train de se donner une feuille de route pour sortir du charbon et que Taiwan a décidé de continuer son chemin vers la fin du nucléaire malgré un referendum contraire... bref qu'il y avait matière.
Si je ne vous ai parlé d'aucun de ces sujets, c'est pour une raison simple. En ce moment un autre projet absorbe l'essentiel de mon temps et de mon énergie.

J'aimerais vous en parler pour vous expliquer la direction que va prendre ce blog pendant les prochains mois et aussi pour solliciter vos idées et vos remarques. Au fil des ans, une vraie communauté de passionnés s'est créée ici et il serait dommage de ne pas en tirer partie dans ce projet.

> Pour voir ce que devient ce projet, visitez le site de Callendar


La genèse de l'idée


Je ne me suis pas encore fait à l'exercice du pitch en 3 minutes. Pour moi, la façon la plus simple d'expliquer ce que je suis en train de faire reste de raconter l'origine du projet et sa motivation. Comme vous le savez peut-être, j'ai travaillé jusqu'en 2015 pour une organisation humanitaire. Cette expérience m'a amené régulièrement au coté de victimes de catastrophes, naturelles ou humaines - si tant est qu'on puisse vraiment distinguer les deux, et j'en ai gardé l'impression que nous sous-estimons gravement la fragilité de nos sociétés : il suffit parfois d'une pichenette pour que toute la machine s'enraye et que, d'un seul coup, se nourrir ou se loger deviennent une lutte quotidienne. Vous connaissez tous des histoires de ce type et, si elle vous semblent lointaines, pourriez-vous jurer que ce n'est pas seulement par chance ?

Cette impression est une des raisons qui m'a poussé à partir de 2015 à m'intéresser de plus en plus au climat et en particulier aux risques climatiques.

J'ai travaillé sur ce sujet pour toute une série d'organisations - cabinets, gouvernements, collectivités, ONG... Ces expériences m'ont appris plusieurs choses, voici les principales :
  1. Il est possible d'anticiper quel sera le climat chez vous dans 20, 50 ou 80 ans : de très nombreux travaux scientifiques ont été menés, les données sont abondantes et le recul dont on dispose désormais sur les projections climatiques réalisées pendant la seconde moitié du XXe siècle suggère que ces résultats sont assez fiables
  2. Ces travaux scientifiques n'atteignent presque pas le reste de la société : ces informations sont inestimables, si nous prenions nos décisions, publiques ou privés, en tenant compte de notre expérience mais aussi de ce que nous pouvons savoir du climat futur, le choc du réchauffement climatique serait grandement réduit. Malheureusement en dehors de quelques grandes lignes et de températures globales, personne ou presque ne les connaît...
  3. Alors pourquoi ces travaux ne sont-ils pas exploités ? A mon avis parce que leur exploitation reste beaucoup trop artisanale : lorsque les résultats des projections sont utilisées, par exemple dans le cadre de PCAET ou de plan d'adaptation, c'est très souvent avec un tableur type Excel (si ce n'est pas manuellement, à la calculatrice) et sans que les données et leur origine soit vraiment comprises.
  4. La conséquence de cet amateurisme c'est  que les maigres ressources disponibles pour l'adaptation sont mal utilisées :  des gens passent des journées sur des tâches très en dessous de leurs qualifications - trouver, télécharger, traiter, représenter des données - qui pourraient facilement être automatisées et beaucoup trop peu sur ce qui nécessite vraiment de l'intelligence : interpréter, étudier l'originalité de chaque situation, identifier les risques et inventer les moyens de les réduire...
En bref, étudier l'évolution du climat est rare, artisanal et cher, ces trois caractéristiques étant évidemment liées.


Il faut "uberiser" l'adaptation au changement climatique


Même si il y a peut-être un marché pour ces études artisanales, ce ne sont pas elles qui nous sauveront : ce dont nous avons besoin c'est d'une production de masse !
Un promoteur se demande où il va construire son prochain projet ? Il doit pouvoir prendre en compte le climat local dans sa décision. Un jeune agriculteur prépare son installation ? Il doit intégrer le climat. Un étudiant en BTS fuide, énergie, domotique hésite entre l'option A et l'option B ? L'évolution future du climat à l'endroit où il souhaite travailler l'aidera à se décider. Un jardinier choisit quels fruitiers il va planter ? Vous avez deviné : climat.
Individuellement ces décisions sont peut-être insignifiantes, en tous cas elles ne justifient pas l'investissement dans une expertise coûteuse, mais mises bout à bout elles détermineront la capacité de notre société à résister au choc climatique.

Mon objectif est de proposer une solution qui apportent à l'utilisateur les informations dont il a besoin avec un investissement en temps et en argent minimal.
Pour cela, j'ai identifié 4 opérations qui doivent être effectuées avec un coût aussi proche que possible de zéro :
  1. Accéder aux résultats des projections climatiques haute définition : ces données produites par des organismes comme l'Institut Pierre Simon Laplace, le CNRM ou la NOAA sont théoriquement publiques, mais souvent difficiles à trouver, disponibles sous des formats exotiques et très lourdes...
  2. Construire des indicateurs complexes à partir des données brutes : les modèles climatiques fournissent typiquement la température moyenne, maximale et minimale et les précipitations quotidiennes, c'est bien mais un être humain normal s'intéressera plus à la durée des canicules, aux cumul maximal de précipitation sur le bassin versant dont il dépend ou au nombre de jours de gel.
  3. Il est possible de produire des centaines d'indicateurs de ce type d'où l'importance de hiérarchiser les indicateurs : si l'utilisateur n'est pas un spécialiste, on peut difficilement lui présenter plus d'une dizaine de résultats. Lesquels sont pertinents ? Cela dépend de l'endroit et de l'horizon sur lesquels portent la recherche, de la valeur des indicateurs, du profil de l'utilisateur...
  4. Présenter un rapport sous une forme accessible : une fois les indicateurs sélectionnés, il faut encore pouvoir les présenter sous une forme qui soit facilement compréhensible tout en évitant de tomber dans le simplisme.
Je suis en train de développer une application qui permettra d'effectuer ces opérations et de produire un rapport sur l'évolution du climat à partir d'une simple adresse.
Cette application devrait normalement être disponible mi-mars. Mon objectif est qu'elle soit accessible librement et gratuite.


"Mon assistant climat" : un aperçu de l'application


Voici comme les choses devraient se présenter :

L'utilisateur renseigne le lieu qui l'intéresse en rentrant une adresse ou en cliquant sur une carte. Lorsqu'il lance la recherche, un écran d'attente lui montre quelques-uns des premiers indicateurs calculés, il peut dire si ces résultats lui paraissent ou non intéressant ce qui permettra de proposer un rapport plus personnalisé. Il accède ensuite à un rapport composé de 5 à 10 indicateurs identifiés comme étant les plus pertinents pour sa recherche. Il peut alors cliquer sur un indicateur pour obtenir plus de détails, demander d'autres résultats ou bien accéder à un rapport complet.

Une partie du code de cette application existe déjà. Je l'ai testé il y a quelques semaines en créant un compte Twitter, @BotCallendar, qui répond aux questions qu'on lui pose sur l'évolution de la température ou des précipitations pour toutes les communes de France métropolitaine :


Il s'agit évidemment d'une version très simplifiée de l'outil que je suis en train de développer mais elle a attiré assez d'attention pour me permettre de tester une partie de mon code sur plusieurs centaines de requêtes. Cette première expérience "à l'échelle" a beaucoup fait avancer le projet et je vous invite à la tester à votre tour.


Vous pouvez aider ce projet à se réaliser !


Alors vous me demanderez peut-être pourquoi je vous parle de ça. D'abord parce que c'est un projet auquel je crois et qui je pense gagne à être connu.
Ensuite parce que comme cela a souvent été le cas dans le passé, le contenu du blog va suivre mon propre parcours : dans les prochains mois vous pouvez vous attendre à moins d'énergie et plus de climat, sans doute des études de cas dans le goût de celles que j'ai publiées l'été dernier, peut-être des articles de vulgarisation sur les modèles climatiques... J'espère que cela vous plaira !

Enfin et surtout parce que vous pouvez aider à transformer ce projet en réalité :
  • En aidant à trouver des clients : l'application sera gratuite et financée grâce à des missions de conseil en adaptation à forte valeur ajoutée. Une étape-clé dans la réussite du projet est donc de trouver les premiers clients, ceux-ci bénéficieront du savoir-faire acquis dans le traitement des données climatique et des outils développés qui permettent de réaliser des études de façon très souple et de se concentrer sur les risques propres à chaque activités. Vous avez des pistes ? N'hésitez pas à m'en parler.
  • En suggérant des partenaires : vous connaissez des appels à projets ? Des organisations (collectivités, entreprises, ONG...) qui pourraient soutenir ce projet ou l'utiliser ? N'hésitez pas à me le dire : je suis joignable par mail ici.
  • En aidant à faire connaître le projet : s'il vous intéresse, parlez-en autour de vous ou sur les réseaux sociaux. Si vous savez où ou comment le promouvoir, parlez-moi en !
  • En faisant partie des premiers utilisateurs qui testeront l'application : pour cela inscrivez-vous sur la liste d'attente disponible ici.
  • Ou simplement en partageant vos commentaires, vos idées... C'est à vous !

6 commentaires :

  1. Connaissant l'orientation de mes commentaires habituels, vous ne serez pas surpris d'apprendre que je suis plutôt sceptique concernant votre projet !

    Tout d'abord, vous ne pourrez soutirer de l'argent qu'à des gogos prodigues des sous dont ils ont la charge (et dont ils ne sont pas en général propriétaires !), donc des politiques, et là, il faut être "introduit" (vous l'êtes peut-être !) Une autre source de revenus possible, c'est les enquêtes d'utilité publique nécessaires aux installations classées (il faut le rapport - favorable bien sûr - pour après-demain matin, et c'est très très mal payé !). Financièrement, ça risque donc d'être dur ! L'idéal, ce serait d'après moi, de vendre des licences de votre logiciel, s'il est suffisamment "ergonomique", avec des "remises à jour" périodiques, des stages de formation, etc ...

    Mais, bien sûr il n'y a pas que sur le plan financier que je suis sceptique. Qui peut croire à des prévisions sur des dizaines d'années quand nos météorologues sont incapables d'afficher des prédictions correctes sur 2 ou 3 semaines ! Pour s'en convaincre, il suffit de jeter un oeil par exemple sur les sorties des modèles concernant la température globale: les résultats varient suivant le modèle utilisé dans un rapport de 1 à 4 au moins, et le GIEC considère ces prévisions comme "fiables" ! Dites moi le résultat que vous souhaitez, et je vous dirai quel modèle il faut utiliser ! Et si l'on s'amuse, non pas à parler de températures, mais à parler de pluviométrie pour laquelle le GIEC lui-même admet que ses modèles ne sont pas très bons ... on peut s'attendre à tout !
    Quels modèles avaient prévu en l'an 2000 que le Sahel verrait sa végétation reverdir et sa production agricole augmenter, ou bien qu'il y aurait en 2019 des autoroutes fermées en région parisienne à cause de chutes de neige !

    Ceci étant dit, il y a bien des prévisionnistes astrologues qui vivent de leur métier, alors pourquoi pas des prévisionnistes climatologues ! Pour ma part, n'étant pas suffisamment sadique, j'arrêterai d'émettre des commentaires et je vous laisse gagner votre pain (vous pouvez bien sûr supprimer le présent commentaire s'il risque de vous gêner). Bon courage !

    Signé: papijo

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    1. Bonjour,

      Imaginez la chose de la façon suivante : vous voudriez savoir si vous allez avoir la grippe dans 2 semaines - par exemple parce que vous avez prévu des vacances ou un évènement quelconque.
      Même si vous vous faites ausculter par le meilleur médecin du monde, il n'y a aucune chance qu'il puisse vous répondre de façon fiable... Par contre un étudiant en première année d'épidémiologie peut vous dire avec un très bon niveau de certitude quelle est la probabilité que vous ayez une grippe le 1er mars, ou dans 6 mois, ou dans 2 ans.
      Peut-être que ce n'est pas l'information que vous vouliez mais il n'empêche qu'elle est très utile pour les autorités sanitaires ou l'industrie pharmaceutique, et même pour là ociété dans son ensemble : sans elle la réponse à l'épidémie serait moins efficace et son coût économique et humain serait plus élevé.

      La climatologie, c'est l'épidémiologie de la météo. Rien de plus.

      Et oui : il y des incertitudes, il faut les comprendre et les faire comprendre sinon, comme vous dîtes, on tombe dans la divination. Mais il existe aussi des stratégies pour maîtriser ces incertitudes dans les projections (en commençant par ne pas choisir un modèle et surtout pas en fonction du résultat souhaité) comme dans leur utilisation (stratégies "sans regret" par exemple).

      J'espère que ça répond à une partie de vos doutes.

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  2. Très belle initiative. Je pense que cet outil pourrait effectivement intéresser toutes les organismes travaillant sur les PCAT par exemple. Je vais passer l'infos localement. Sinon pour tout ce qui est appel à projets, il y a un site : https://les-aides.fr/projets/

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