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Scandale Volkswagen : et si on réfléchissait à la responsabilité du consommateur ?

scandale volkswagen : manipulation des émissions polluantes pour respecter les normes
Bon... A ce stade, vous en avez tous entendu parler : le premier constructeur mondial d'automobiles a installé sur certains de ses modèles un logiciel capable d'activer le système anti-pollution seulement au moment des contrôles. En dehors de ces périodes, les émissions de NOx (une famille de gaz responsables notamment de pluies acides) pouvaient être jusqu'à 40 fois plus élevées que la norme.
La supercherie a été découverte, l'entreprise risque une amende équivalente au PIB du Gabon, elle a perdu un tiers de sa capitalisation boursière en 3 jours et son PDG a été poussé fermement vers la porte. Les méchants sont punis. Les prochains qui seraient tentés par la triche avertis : le crime ne paye pas...


Happy ending ? Vraiment ?


D'abord, j'aimerais prendre la tricherie de Volkswagen dans l'autre sens : les voitures n'activaient pas un système antipollution miraculeux pendant les tests d'émissions. C'est l'inverse : elles étaient équipées d'un système antipollution compatible avec la réglementation américaine... qu'elles désactivaient lorsqu'elles roulaient sur route. C'est d'ailleurs dans ce sens que l'Agence Américaine pour l'Environnement formule son accusation précisant même que les composants désactivés étaient le piège à NOx et la réduction catalytique sélective.

Pourquoi équiper vos véhicules d'un système antipollution efficace, si c'est pour le désactiver lorsqu'il roule en conditions normales ? Vraisemblablement parce qu'il dégradait trop les performances de la voiture au gout des commerciaux.
Je peux presque entendre la discussion dans la salle du board à Wolfburg il y a quelques années :

Le directeur technique : J'ai une bonne et une mauvaise nouvelle.
Le directeur général : La bonne d'abord, bitte.
- On a la technologie qu'il faut pour respecter les normes d'émissions même sur nos modèles diesel.
- Wunderbar. Et la mauvaise ?
- On perd un peu en vitesse de pointe et en reprise... Voici ce qu'on peut faire de mieux.
(Il passe un slide)
- Ach. Tant que ça ? Mais on a une image à tenir auprès de nos acheteurs... Das Auto, tout ça... Comment on va leur vendre nos voitures s'il leur faut 12 secondes pour passer à 100km/h ?

(Réflexion intense. Les participants baissent la tête, se grattent le front...)
...
...
Le directeur commercial (qui profité de l'absence du directeur juridique, parti chasser la perdrix dans les Alpes bavaroises, pour s'étaler) : Et si on mettait le système antipollution, mais seulement pendant les tests ?

Oui. Oui... Je vous entend : ils ont triché, ils ont trompé le consommateur en lui vendant des voitures comme un peu moins sales alors qu'elles étaient en fait juste aussi sales que les autres. Et, évidement, si vous aviez su, vous auriez pris une Twizy à la place de votre Audi A3.


Zéro progrès en un demi-siècle... La faute à qui ?


Je vous crois mais permettez moi de vous dire que ce n'est pas le cas général...

Un exemple que je trouve particulièrement révélateur : Une Volkswagen Golf (modèle pris au hasard...) de 2015 consomme autour de 4.5 litres au 100 km. Mais savez-vous combien consommait la deux-chevaux de vos grands-parents en 1950 ?
Exactement pareil (le cahier des charges initial visait même 3L/100km). En 65 ans, la consommation d'une voiture de milieu de gamme n'a pas bougé d'un iota ! N'est-ce pas la preuve que les fabricants d'automobiles font preuve de mauvaise volonté ?

En 65 ans, la consommation kilométrique des voitures n'a pas baissé. La faute au constructeur ou à l'acheteur ?

Pas tout à fait... Car la Golf et la deuche répondent bien au même besoin (déplacer 4 membres de la classe moyenne dans des conditions de confort acceptables) mais elles sont loins d'avoir les mêmes caractéristiques :
  • La deux-chevaux pesait 500kg environ, la Golf pèse selon les modèles de 1 à 1.5 tonnes,
  • La deux-chevaux avait un moteur de 375cm3, les Golf elles se trouvent plutôt entre 1000 et 2000cm3
  • La deux-chevaux plafonnait à 60km/h, la Golf, elle atteint 190km/h voire beaucoup plus pour certains modèles.
Les fabricants ont fait leur boulot : avec la même quantité de carburant, ils sont aujourd'hui capables de faire rouler un véhicule 2 à 3 fois plus lourd 4 fois plus vite.
Pas de bol, les consommateurs ont préféré, dans leur grande majorité, utiliser ces progrès pour conduire des voitures plus grosses plutôt que pour faire baisser leurs consommations, donc leurs émissions polluantes.

Sans rien enlever à la responsabilité de Volkswagen (et éventuellement d'autres constructeurs qui auraient partagé ces pratiques), il faut quand même reconnaître qu'ils ne font que répondre à une demande : celle de véhicules toujours plus confortables, plus lourds, avec plus de reprise et plein d'options énergivores...

Arrêtons de croire que c'est la voiture qui pollue : c'est le conducteur !



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Rencontre avec les artisans de la COP21 - épisode 7 : Alice Audouin et Art of Change 21

Contrairement à ce que l'on pense trop souvent, le climat ne se réduit pas à des questions politiques, économiques ou techniques. Comme toutes les questions de développement durable, la lutte contre le changement climatique interroge aussi notre façon de voir le monde et de nous voir nous-même : le passage à une société post-carbone est avant-tout un changement culturel.
Lorsque de tels bouleversements ont eu lieu dans le passé, les artistes y ont joué un rôle important. C'est en partant de ce constat qu'Alice Audouin a crée l'association Art of Change 21 dont elle nous explique la philosophie et les projets :



Art of Change 21 a sélectionné 21 "accélérateurs du changement" - artistes engagés, jeunes activistes, entrepreneurs sociaux... Et les a réuni pour imaginer une mobilisation originale autour des questions climatiques à l'occasion de la conférence de Paris sur le Climat, et au-delà... De leurs échanges sont nés 4 projets qui vont du calculateur de carbone individuel jusqu'à la construction de ponts symboliques à Paris à Rio !

Un nouvel épisode de cette série est publié chaque jeudi. Pour n'en manquer aucun, abonnez-vous à ma chaine Youtube.
Les rencontres précédentes :
Vous recherchez d'autres événements ? Voici l'agenda de toutes les manifestions autour de la COP21.
Vous avez un projet et vous souhaiteriez apparaître dans cette rubrique ? Parlez-moi en.

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[Infographie] Carbone, ozone, particules, soufre... Petit aide-mémoire de la pollution atmosphérique

Pics printaniers obligent, la pollution s'invite ces jours-ci dans toutes les discussions, de la machine à café jusqu'aux journaux télévisés. Mais il peut être difficile de s'y retrouver : si tous les polluants représentent une menace pour l'homme et l'environnement, il n'y a pas grand chose de commun, par exemple, entre les nitroxydes qui restent plusieurs mois dans l'atmosphère et le dioxyde de soufre qui disparaît en quelques heures, ou entre le dioxyde de carbone  inoffensif pour la santé (et largement responsable du changement climatique) et les particules en suspension qui sont associées à une augmentation de la mortalité...

Pour vous aider à vous y retrouver, je vous propose un aide-mémoire des principaux polluants atmosphériques et de leurs caractéristiques, une liste plus détaillée est disponible dans la suite de l'article.

CO2, NO2, SO2, PM, O3, COV... origines, effets et durée de vie des principaux polluants atmosphériques


Dioxyde de carbone

De quoi s'agit-il ? Le dioxyde de carbone (parfois appelé gaz carbonique) est une molécule composée d'un atome de carbone et de deux atomes d'oxygène. Il est noté CO₂.
Quels effets ? Sauf à très forte concentration, le dioxyde de carbone n'est pas un danger pour la santé mais c'est le principal gaz à effet de serre d'origine humaine. Il représente à lui seul les 2/3 de nos émissions.
Quelle durée de vie ? Le dioxyde de carbone est un gaz stable, sa durée de vie dans l'atmosphère est supérieure à un siècle.
D'où vient-il ? Essentiellement de la combustion d'énergie fossiles ou d'autres matières organiques (centrales à charbon ou à gaz, voitures, chauffages thermiques, incendies...) et des cimenteries.



Dioxyde d'azote

De quoi s'agit-il ? Le dioxyde d'azote est une molécule composée d'un atome d'azote et de deux atomes d'oxygène, il est noté NO₂. On lui associe parfois d'autres oxydes d'azote (notamment le monoxyde d'azote, NO), l'ensemble est alors désigné par l'abréviation NOx.
Quels effets ? Au contact de l'eau, le dioxyde d'azote se transforme en acide nitrique. C'est donc un gaz irritant susceptible de s'attaquer aux poumons et aux yeux, il est aussi responsable de pluies acides. Enfin, il participe à la formation d'autres polluants comme l'ozone et les particules fines.
Quelle durée de vie ? La demi-vie du dioxyde d'azote est d'environ 80 jours (c'est-à-dire qu'il faut 80 jours pour que la moitié du volume émis disparaisse). Cette durée de vie est suffisante pour que les oxydes d'azote voyagent sur de longues distances : il a par exemple été démontré que les émissions britanniques étaient responsables de pluies acides en Scandinavie.
D'où vient-il ? L'air ambiant est composé majoritairement d'azote et d'oxygène qui réagissent à haute température pour former du monoxyde d'azote, lequel peut ensuite réagir à nouveau avec de l'oxygène pour donner du dioxyde d'azote. Les véhicules à moteur et, dans une moindre mesure, les centrales thermiques sont responsables de l'essentiel de la production de NOx.



Ozone

De quoi s'agit-il ? L'ozone est une molécule composée de trois atomes d'oxygène, noté O₃.
Quels effets ? Dans la stratosphère, l'ozone permet de filtrer les rayons ultraviolets du soleil mais c'est aussi un oxydant capable, lorsqu'il se trouve à basse altitude (dans la troposphère), d'irriter les yeux et les voies respiratoires même à faible concentration : une augmentation de la mortalité a été démontrée lors des pics de pollution à l'ozone. Il s'attaque également aux végétaux, l'INRA estime par exemple qu'il est responsable d'une baisse de 5 à 10% des rendements du blé en Île de France, et aux matériaux oxydables. Enfin, il joue un rôle dans le changement climatique puisqu'il est responsable de 10% environ de l'effet de serre d'origine humaine.
Quelle durée de vie ? L'ozone possède une durée de vie assez courte, de l'ordre de 3 jours à 20°C.
D'où vient-il ? L'ozone est un polluant secondaire : il n'est pas crée directement par les activités humaines mais provient d'une réaction impliquant des polluants primaires (NOx, composés organiques volatils...) et le rayonnement solaire. Un bon ensoleillement est donc indispensable à sa formation.



Dioxyde de soufre

De quoi s'agit-il ? Le dioxyde de soufre est formé d'un atome de soufre et de deux atomes d'oxygène. Il se note SO₂.
Quels effets ? Le dioxyde de soufre est irritant, notamment pour les voies respiratoires. Il forme de l'acide sulfurique au contact de l'eau , il est donc responsable de pluies acides. Il peut également corroder la pierre et dégrader des bâtiments.
Quelle durée de vie ? Le dioxyde de soufre disparaît rapidement de l'atmosphère : sa demi-vie est de quelques heures.
D'où vient-il ? Le dioxyde de soufre se forme lors de la combustion d'un matériau contenant de soufre, les véhicules à moteurs et les centrales thermiques sont les principaux émetteurs. Les volcans peuvent également rejeter des composés soufrés.



Particules en suspension (PM10 et PM2.5)

De quoi s'agit-il ? Les particules en suspension (ou PM pour particulate matter) sont des poussières de très petite taille - la taille d'une bactérie voire moins. Elles sont classées en fonction de leur diamètre : PM10 pour les particules dont le diamètre est inférieur à 10 micromètres (ou 0.01 millimètre), PM2.5 pour celles dont le diamètre est inférieur à 2.5 micromètres (0.0025 mm), etc. Ces particules peuvent être formées de matières organiques, de sulfates, de suie, etc. et contenir des métaux lourds ou d'autres produits dangereux.
Quels effets ? Alors que les PM10 sont retenues au niveau du nez ou des voies aériennes supérieures, les PM2.5 sont suffisamment fines pour pénétrer jusqu'aux alvéoles des poumons. Elles peuvent déranger la respiration et sont associées à une augmentation de la mortalité. Elles contribuent également au noircissement des façades. 
Quelle durée de vie ? Les particules en suspension sont éliminées par la pluie ou en retombant naturellement au sol. En l'absence de précipitation, la durée de vie des particules peut aller de quelques heures à quelques jours (plus une particule est fine plus elle peut rester en suspension longtemps).
D'où viennent-elles ? Les particules en suspension sont produites notamment par les combustions industrielles, le chauffage, la construction et les travaux public, l'agriculture et l'automobile (en particulier les moteurs diesel). Le vent, ainsi que certaines activités humaines (circulation, nettoyage...) peuvent aussi remettre en suspension des particules tombées au sol.



Composés organiques volatils (COV)

De quoi s'agit-il ? Les composés organiques volatils sont des molécules contenant du carbone, de l'oxygène, de l'hydrogène et, éventuellement, d'autres atomes. On distingue trois familles principales :
  • Les hydrocarbures aromatiques monocycliques (HAM), par exemple le benzène.
  • Les hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP), par exemple le benzopyrène.
  • Les aldéhydes, dont le formaldéhyde. 
Quels effets ? Les composés organiques volatils provoquent des irritations et une diminution de la capacité respiratoire, certains sont de plus cancérigènes (c'est le cas des trois cités en exemple plus haut). Les COV peuvent également être des précurseurs de la création d'ozone.
Quelle durée de vie ? La durée de vie dans l'atmosphère est variable d'une molécule à l'autre. Elle est en général de quelques jours (environ 9 jours pour le benzène, par exemple).
D'où viennent-ils ? Les composés organiques volatils sont libérés lors de l'évaporation d'hydrocarbures liquides. Ils proviennent notamment des véhicules à moteur (remplissage du réservoir, gaz d'échappement...) et de certains procédés industriels (raffinage de pétrole, solvants industriels...). Ils représentent une part importante de la pollution intérieure (produits d'entretien, vernis, colle...).


Ce n'est pas tout...


J'ai laissé de coté dans cette liste quelques autres polluants atmosphériques moins souvent impliqués dans des épisodes de pollution, pour mémoire en voici quelques uns :
  • Le méthane (CH4), le protoxyde d'azote (NO2) et les autres gaz à effet de serre émis par les activités humaines. Une liste plus complète peut être trouvée ici.
  • Le monoxyde de carbone (CO) crée lors d'une combustion incomplète, il est à la fois toxique pour l'homme et précurseur de l'ozone et du dioxyde de carbone.
  • Les métaux lourds qui peuvent se retrouver en suspension (plomb, mercure, arsenic...), ce sont des polluants persistants qui s'accumulent dans l'organisme avec des effets à long terme sur le système nerveux, les reins, le foie, les poumons...
  • Les pollens, d'origine naturelle mais susceptibles de déclencher des allergies.
  • Les dioxines, famille de molécules contenant du chlore dont certaines sont très toxiques.
  • Les pesticides utilisés par l'agriculture et susceptibles d'avoir des effets sur la santé.

Publié le 13 avril 2015 par Thibault Laconde, dernière mise à jour le 11 avril 2016

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